Chroniques

Post-scriptum : (Re)créer l’envie de vivre ensemble…

© D.R

le débat est général et vu l’engouement il est clair qu’il était nécessaire, qu’il est salutaire ; pourtant il ne faudrait pas que le débat devienne «déballage» or le risque existe. Il faudrait –à mon sens – installer plusieurs garde-fous, le premier d’entre eux étant LE RESPECT, pour éviter les dérapages. Commençons par cesser de dire que les jeunes du 20 Février sont des «traîtres», quitte pour eux à accepter que les jeunes du 9 Mars ou toute autre personne qui ne partage pas TOUTES leurs revendications et /ou méthodes ne soient pas illico transformés en ennemis du changement ou horribles «makhzéniens». Si l’honnêteté veut que l’on reconnaisse qu’ils ont été «un déclencheur» et qu’ils constituent un réel «accélérateur» alors il leur faut –eux aussi- reconnaître que l’engagement associatif, la vie militante, les revendications…ne sont pas nés avec eux. J’ai été réellement estomaqué de lire de la part de l’un des soutiens les plus médiatisés du «Mouvement du 20 Février », quelques minutes après la libération des prisonniers le 14 Avril : «Une nouvelle grande victoire pour le “20 février”» (sic)…quand l’indécence s’ajoute à la récup !
«Lâchons leur donc les baskets» à ces jeunes, car ce n’est certainement pas leur rendre service que de chercher à les «sacraliser», c’est non seulement les desservir mais également les infantiliser. Il n’y a pas d’un côté «le 20 Février» qui serait devenu «sacré» et de l’autre, tous ceux qui seraient «front du refus»! La démagogie ne servira personne et il s’agit ici d’un Etat qui appartient à chaque Marocain(e) et pour lequel il faut (re) trouver l’envie de vivre ensemble. Appeler à boycotter des festivals, enjoindre aux MRE de ne plus envoyer de devises, désigner des personnes à la vindicte parce que «pas alignés» sur les thèses du 20 Février, relève d’un dangereux populisme… L’élan existe et depuis le 9 Mars, SM le Roi a su trouver les actes et les mots qui placent le Maroc en position «spécifique» par rapport à tous les autres pays de la région (tenez je suis certain que cette simple phrase va faire de moi un «cireur de pompes» ou quelqu’un à la «recherche de prébendes»…) or les différentes «forces» qui se cachent derrière les jeunes du 20 Février sont en train d’empêcher ces jeunes de passer de la protestation à la proposition, et les mouvements qui se revendiquent du «9 Mars»  ne se positionnent qu’ en «contre» et ainsi gâchent leur chance de devenir une force fédératrice. Alors que diable cherchons-nous ? A nous tirer une balle dans le pied ? L’urgence ne commande-t- elle pas plutôt que de se diaboliser les uns les autres, de chercher les voies et le goût de vivre ensemble, de vivre MIEUX ensemble ?! Ne sommes nous pas en train de semer des graines de haine quand il nous faudrait réunir, fédérer, mettre en synergie les bonnes volontés, les forces vives –au premier rang desquelles notre jeunesse- ? Le mépris du «pauvre» fait des ravages dans notre pays et le sentiment d’injustice, de «hogra», ressenti –notamment- par nombre de jeunes est cruel, «assassin», aujourd’hui en retour grandit une haine «du riche» tout aussi néfaste. Nous ne nous aimons plus et ce n’est pas en dressant les Marocain(e)s les uns contre les autres que nous réussirons «le changement», c’est –au contraire- en dépassant nos divergences, nos différences et en œuvrant de concert sur un projet de société plus juste, plus égalitaire, motivant et tolérant que nous retrouverons l’envie de construire et de vivre en commun.

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