Chroniques

Post-scriptum : repères identitaires

© D.R

Ce qui transparaît lorsque l’on s’intéresse aux nouvelles générations «issues de l’immigration » est que –contrairement à la génération des parents, contrairement à la 2ème génération, celle que l’on appelle « les Beurs »- les jeunes d’aujourd’hui n’aiment pas, ou n’aiment plus la France…ou peut-être plus exactement ont le sentiment de ne plus aimer la France !  Alors à qui la faute ? Bien sûr, on peut incriminer les premiers concernés,  c’est-à-dire  les familles issues de l’immigration, qui vraisemblablement n’ont pas su –ou pas pu- transmettre ce sentiment qui les anime, d’attachement à la France, mais plus sûrement peut-on chercher les failles du système éducatif, de ceux qui ont pour mission d’éduquer à la citoyenneté au civisme… à plus grande échelle cependant c’est au niveau de la société française elle-même que la responsabilité est à rechercher. A force de stigmatisation, de rejet, d’amalgames, n’est-ce pas la France elle-même qui a donné à cette jeunesse le sentiment qu’elle n’était qu’une «pièce rapportée», qu’elle n’était pas vraiment de la famille. Y compris, voire surtout, culturellement.  Ma génération  a certes vécu des conflits sur ce sol où elle est née mais ces conflits dans notre recherche pour les résoudre, avaient pour objectif pour nous, de nous «faire notre place dans la société française» et non pas de chercher à nous en exclure. En y regardant bien, c’est peut-être donc avant tout une «faille culturelle» qui aujourd’hui est la cause de ce fossé creusé entre la France et une partie de sa jeunesse. Quelle culture a donc été transmise à ces jeunes ? N’a-t-on pas omis ce volet ? N’a-t-on pas tronqué une partie de la mémoire culturelle de cette génération, en passant sous silence l’histoire de leurs parents mais aussi en ne montrant pas à ces gosses que leur place était naturelle dans «l’histoire de France», qu’ils étaient un maillon de ces apports humains et culturels de ce pays. En fait, c’est d’une absence de «culture identitaire » que souffre cette jeunesse ! Sans chercher à comparer ce qui ne peut l’être, il me semble que –au-delà du cas de la France- nombre de «jeunesses» sous des cieux différents, souffrent de ce manque de repères identitaires, et ne sachant d’où ils viennent ne peuvent se projeter avec confiance dans l’avenir. Ne déplore-t-on pas chez nous aussi ce que l’on identifie souvent comme un manque «d’amour du pays», d’amour de la patrie de la part des jeunes ? Or, c’est selon moi un manque de « ciment identitaire», de bases indispensables, qui peuvent du moins en partie, expliquer cela. La culture, encore et toujours la culture ! Celle que l’on transmet, celle que l’on acquiert, celle que l’on mixe… Notre jeunesse, qu’elle vive dans les quartiers populaires ou les quartiers «bourgeois» est pauvre de culture et très vite se heurte aux bornes de celle –limitée- qu’on lui «sert». Transmettons lui la richesse de notre culture, offrons lui des choix, ouvrons lui des horizons, donnons lui de quoi nourrir son identité, elle n’en sera que plus à même de se positionner. Les pays peuvent être différents, les situations aussi, les civilisations également, mais partout c’est la culture qui donne ce supplément d’âme, c’est la culture qui façonne les hommes et les projets de société qui vont avec, en ce qui nous concerne, il nous faut œuvrer à permettre aux générations actuelles (et futures) de se forger une culture-y compris identitaire- aussi riche que possible. Un chantier d’envergure mais enthousiasmant.

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