Chroniques

Transmission : (In)différence

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L’excellente Narjis Rerhaye dans son article publié dans le Matin de lundi, analysait avec beaucoup de clairvoyance «Quand les jeunes adhèrent au parti de l’indifférence» suite à un sondage effectué par l’association «Ofok». Les résultats en sont extraordinairement lucides et il faut vivement souhaiter que ce sondage et l’article de Narjis sauront alerter tous ceux qui doivent l’être. En vérité nous tous ! En effet, il est urgent qu’une véritable prise de conscience -enfin dépourvue de langue de bois- s’opère : oui les jeunes sont indifférents aux hommes politiques, oui ils ne sont pas encadrés, oui même le tissu associatif leur demeure hermétique. Indifférents ne veut cependant pas dire désintéressés, bien au contraire ces jeunes sont lucides, pertinents, responsables, ce n’est pas à eux de se remettre en question mais bien à ceux qui devraient avoir pour mission de les encadrer. En fait, depuis de longues années ces jeunes ont été réduits au mieux au rôle de spectateurs au pire à celui «d’alibis à colloques», «d’alibis à déclarations d’intention», «d’alibis à subventions». Il est temps de leur donner la parole, de leur permettre d’agir, par eux-mêmes et pour eux-mêmes, de leur faciliter l’accès aux responsabilités. Cela ne signifie pas les laisser livrés à eux-mêmes, le rôle des adultes n’étant pas d’agir pour eux, de savoir ce qui est bon pour eux mais bel et bien d’opérer une synergie avec eux. D’ailleurs, lorsque la possibilité leur en est donnée, ils savent très bien se prendre en mains, j’aimerais à titre d’exemple – vous parler juste de ce que j’ai pu vivre en une journée, dimanche dernier. Tôt le matin , ce sont les jeunes de l’association «Chabab Akreuch» qui agissaient, l’école de ce pauvre bidonville ayant subi de gros dégâts suite à l’éboulement d’une falaise, faisant 5 blessés parmi les petits écoliers ; ils s’employaient à réconforter les familles, à être aux côtés du directeur -un homme remarquable- à «meubler» un autre pauvre local pour permettre que la scolarisation continue, le tout sous la houlette de leur président, un jeune homme Abderrahman Salhi, âgé d’à peine 22 ans. Plus haut, dans un autre bidonville, c’étaient d’autres jeunes qui cherchaient à s’organiser, à se structurer, à agir pour eux et leurs petits frères et soeurs et suscitaient déjà bien des espoirs au sein de leur population en créant l’association «Chabab Aïn Khalouia». Là aussi le président Abbadi Assou et son équipe ne dépassent pas 25 ans d’âge. Enfin la journée se terminait à Sala El Jadida où l’association «Mostaqbal» clôturait de superbe façon un tournoi de football ayant duré tout le mois de Ramadan, par une finale déplaçant des centaines de jeunes et suscitant un véritable enthousiasme dans toute la cité. Là encore, le succès en revenait à un jeune homme Abeslam Rabhi et une petite équipe. Tout cela – qui s’est bien sûr passé dans l’indifférence absolue des politiques, se multiplie dans tous les quartiers, à l’initiative des jeunes eux-mêmes. Et si notre chance était là, si la vraie politique se faisait là, sur le terrain ? Peut-être alors l’indifférence de ces jeunes serait-elle une différence, celle de l’exigence, celle de la proximité, celle du renouveau des pratiques.

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