Chroniques

Un Sahara fécond

La progression des idées écologiques, le souci de préservation de la planète, la conversion des Américains à la lutte contre le réchauffement climatique, le succès de l’écologie politique en Europe, le triomphe du film «Home» de Yan Arthus-Bertrand, il y a là autant d’éléments qui indiquent le niveau de prise de conscience atteint par l’humanité sur les dangers qui  menacent la Terre, ce patrimoine commun.
Ces avancées ne sont pas simplement politiques ou morales. Elles ont aussi des implications économiques, financières et technologiques. Il n’est donc pas étonnant que l’innovation vienne des Allemands qui tutoient, plus que d’autres, les idées écologiques. Ils viennent de poser sur la table de l’humanité un projet pharaonique qui pourra non seulement assurer l’avancée de l’Allemagne et de l’Europe, mais aussi et par ricochet, être, à terme, un modèle d’un rapport Nord-Sud gagnant-gagnant.
Le projet est tout bonnement fou mais pas utopique. Il s’agit de produire l’électricité européenne à partir des déserts africains. Ce projet est réalisable en 2030, autant dire demain. Selon les spécialistes, c’est un projet très solide. Sa crédibilité vient de l’engagement d’une vingtaine de très grands groupes allemands. Ils veulent s’unir dans un consortium en vue de développer le plus vaste champ de panneaux photovoltaïques de la planète. Le projet est démentiel. Il entend mobiliser des moyens considérables, 400 milliards d’euros pour répondre à la démesure des investissements prévus et aux objectifs fixés. Ces grandes entreprises entendent faire de l’Allemagne le champion incontesté de la lutte contre le réchauffement climatique en opérant un exploit technologique : faire de la stérilité du désert un lieu de fécondité. Ils veulent convertir le soleil qui inonde les sables du Sahara en électricité. Si ce n’est pas magnifique.
Le Sahara qui longe le Maghreb est un immense corridor d’impuissance. Il est possible qu’il devienne, dans les vingt années à venir, un lieu de prospérité inépuisable. Selon les spécialistes, le désert constitue une quantité d’énergie si considérable que 1 % de la surface des déserts suffirait pour produire l’électricité nécessaire à l’ensemble de l’humanité. C’est dire que les Maghrébins sont bien assis sur un pactole. Ont-ils l’intelligence pour s’accorder à en tirer tout le profit? Doublement !
D’une part, grâce à ce projet, les pays du Maghreb deviendraient des exportateurs d’énergie propre. D’autre part, les Européens entendent faire bénéficier les pays africains limitrophes de dessalement d’eau. Les porteurs de projet garantissent sa faisabilité. Ils redoutent toutefois des blocages politiques. Et pour cause, l’Union du Maghreb qui pourrait être l’interlocutrice de ce type de projet n’existe pas. Les pays maghrébins sont trop engoncés dans la gestion étroite de leur ego. Et il faudra d’ici là peut-être en finir avec notre fâcherie avec cette Algérie autiste qui tient à inventer un Etat guignolesque. Un de plus comme si il n’y en avait pas assez en Afrique.

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