Chroniques

Un vendredi par moi

© D.R

Un rapport «des jeunes du martyr Elouali» cité par le journal Annahar Almaghribya indique que des éléments de la direction d’Al adl wa Alihsane, dont Nadia Yassine, auraient rencontré des représentants du Polisario pour leur dire leur soutien. Les jeunes qui se réclament du martyr Elouali méritent un débat pour voir s’ils mesurent toutes les implications de cette filiation. J’y reviendrai la semaine prochaine. Les chioukh d’Al adl appellent, eux, une sérieuse interrogation : schismatiques au plan religieux seraient-ils désormais les apôtres de toutes les formes de scission ? Là aussi il faudrait en débattre. Pour l’instant, il y a à  craindre que sous les oripeaux d’un idéal panislamique et transfrontalier, se cache un objectif plus terre à terre. Les ennemis de leur ennemi sont leurs amis. Cette cause commune oublie juste que l’ennemi en question n’est autre que la patrie marocaine.    

«Au Maroc, il n’y a que des indics.» Si vous n’en croyez pas vos oreilles ou si vous n’avez pas compris, j’insiste et je traduis : vous et moi nous sommes que des mouchards de la police.  Condamnation sans appel, le jugement n’admet aucune exception. «Au Maroc il n’y a que des indics» veut tout simplement dire que tous les Marocains sont des cafteurs et n’échappe à la règle même pas le bébé qu’il y a trente secondes sa mère vient de mettre au monde.
L’introduction à la logique mathématique au secondaire passait par une déduction élémentaire. Exemple : Au Maroc, il n’y a que des indics, tous les Marocains sont donc des balances, Jamel Debbouze est marocain, donc Jamel Debbouze est un délateur. Mais la logique mathématique est un peu plus élaborée que cela et appelle quelques finesses. Jamel Debbouze est en partie marocain, donc il n’est qu’en partie indic. D’ailleurs, s’il avait été totalement marocain, Jamal ne s’écrirait pas Jamel et le dico de l’ordi ne le signalerait pas en rouge comme une faute de la langue française.

Pourquoi Jamel Debbouze ? Parce que c’est lui qui – pour les besoins de la vie sur Seine ? – a fait cette affirmation au Nouvel Obs du 24 septembre. La cause en est toute bête. «Un soir, raconte l’humoriste franco-marocain : sous Hassan II, je parlais avec un ami dans un taxi. On disait du mal du roi. On voit le chauffeur faire des appels de phares, et une voiture de police vient nous appréhender.» On voit d’ici le film qu’on peut bien titrer «Le morse à la torche».  La police tapie à tous les coins de rue à l’affût des signaux convenus : deux appels de phares plus un coup de klaxon, il y a urgence, le taxieur transporte des terroristes et, comme pour les bagages perdus dans le hall d’un aéroport, il faut vite faire exploser le taxi. Deux appels de phares, la monarchie est en danger, il faut rapidement appréhender les délinquants. Un appel de phares, les passagers sont à la recherche d’une fumette. La police a le choix, intervenir ou attendre que le taximan livre sa marchandise au premier commissariat sur sa route. Jamel Debbouze aurait pu en faire un bon sketch. Encore faudrait-il qu’il sache que la réalité ne dépasse pas toujours la fiction. Pour ne pas l’avoir compris, l’ineffable Numérobis s’est mué en inénarrable Numéronul. Comme on dit chez nous, il a tout multiplié par zéro.

Faut-il réformer la Constitution ? Cinq ONG marocaines se sont jointes aux partis qui, périodiquement, remettent le sujet au goût du jour. C’est en soi une bonne chose. Une question toutefois. Quelle efficacité la réforme de la Constitution aura-t-elle dans la réforme des Marocains. Transparency Maroc qui fait partie du mouvement et peine à réduire la gangrène de la  corruption sait combien la modification des lois est impuissante quand les conditions socio-économiques ne sont pas réunies. Bien sûr, à force de prêcher, il en restera toujours quelque chose. Mais les urgences ne sont-elles pas ailleurs ?  

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