Chroniques

Un vendredi par moi

© D.R

Le Souverain a nommé la semaine dernière Ahmed Harzani secrétaire général du Conseil Supérieur de l’Enseignement. Un homme de foi pour une mission où il en faut beaucoup. Un homme de bonne foi également dont l’honnêteté intellectuelle est un des gages de succès pour le conseil que pilote Abdelaziz Meziane Belfquih.

Un gage de fidélité ? En  tous les cas les jeunes Sahraouis qui se réclament du martyr Elouali, chef historique du Polisario tué lors d’une attaque contre la Mauritanie,  fort probablement sur ordre des services algériens, ne doivent pas ignorer que la cause pour laquelle leur modèle s’était engagé est sans rapport avec les valets de pied de la diplomatie algérienne installés à Tindouf. Au Maghreb des Etats cher à Rabat et Tunis, au Maghreb des peuples que prônait Alger, Mustapha Elouali et son premier carré d’amis opposaient le Maghreb des va-nu-pieds. Le raisonnement idéologique sur lequel reposait la démarche n’intégrait pas un Etat de plus dans sa logique. Version régionale de l’internationalisme communiste, la cause ne voyait au Sahara qu’un foyer révolutionnaire que les prolétaires maghrébins devaient embraser pour mettre à terre les bourgeoisies locales. Utopie sans doute, mais autrement plus noble que le vil dessein de mettre la cause au service des fantasmes de puissance de ce que Elouali n’hésitait pas à appeler le capitalisme d’Etat algérien.

De temps en temps, il arrive que des lecteurs algériens piqués à vif écrivent à ALM. Généralement leurs textes puisent leur inspiration d’un orgueuil aux termes grandiloquents. Style «l’Algérie est un grand pays à la courbe bien droite et au regard fier et perçant.» Parfois, ces aiglons du nationalisme algérien empruntent leurs serres à une idéologie que l’on croyait éteinte avec la fin du mythe arien, genre «nos compatriotes, par nature et par singularisme, appartiennent à une race tout à fait à part.» Mais par moment, c’est plus intéressant  car plus révélateur: «nous avons, écrit Abdelkrim Cherki, mis à genoux le colonialisme français […] alors les apprentis colonialistes d’El-Makhzen finiront aussi par se retirer du Sahara occidental la queue entre les jambes […]» On le voit, ce n’est plus de la solidarité avec le «peuple sahraoui», ni même de l’empathie, mais bien ce que nous avons toujours dit, de la dépossession.

Comment imagine-t-on un gauchiste sinon comme un éternel jeune. Une allure d’étudiant soixante-dizard  aux cheveux longs. Puis on se rend compte du temps qui passe à la vue d’une photo. Celle qui me ramène ainsi à la réalité représente Ibrahim Yassine, membre du conseil national du PSU, dans un entretien avec Al-ahdat. Si ses cheveux ont blanchi,  son discours n’a pas pris une ride. Du coup, j’hésite sur l’adage à lui appliquer : «l’homme est celui qui reste fidèle à lui-même» ou le dicton qui assure «que si on n’est pas communiste à 18 ans c’est qu’on n’a pas de cœur, et si on le reste à 40 ans c’est qu’on n’a pas de raison» ?

Ceux qui n’apprécient pas le document d’associations de la société civile sur la réforme de la Constitution leur reprochent d’avoir déjà transgressé la loi fondamentale en présentant la copie en français. En fait, le débat n’est même pas celui-ci. La vérité c’est que si du haut de la tour Montparnasse on peut deviner la rive gauche, du sommet de la Tour-Effel on ne peut communiquer avec la mosquée Hassan II. Exactement de la même manière qu’on ne peut élaguer l’arabe en lui appliquant la grammaire hindoue.

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