Chroniques

Un vendredi par moi

Le débat engagé depuis quelques semaines en France sur l’identité nationale n’a pas eu la main heureuse. Il ne pouvait d’ailleurs l’avoir tant l’animosité que porte la France de souche à sa population immigrée est patente. De l’ancien président Jacques Chirac, en compagnie de son ex-Premier ministre Alain Juppé, qui exprime pince-sans-rire ses doutes sur les origines d’un Français au teint trop ensoleillé à Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, et son Arabe auvergnat; de Georges Frêche, président de la région Languedoc-Roussillon, qui trouve l’équipe de France un brin colorée à son goût à Nadine Morano, secrétaire d’Etat chargée de la Famille, et son banlieusard qui ne doit pas parler le verlan ni porter la casquette à l’envers, on sait à quoi s’en tenir sur les sentiments de la France profonde quand son élite est déjà à ce niveau de réflexion. Autant dire que tous les dérapages que connaît ce débat devaient avoir lieu et ils ont eu lieu. L’explication est toute simple et se trouve dans la programmation, coïncidence ou calcul, par France 2 de la saga des Schreiber. Le film retrace l’histoire de cette influente famille française issue de l’immigration juive à travers d’abord la grand-mère de Jean-Jacques Servan Schreiber, fondateur de l’Express, Clara, une Prussienne qui devient une passion française. Dès le début, pour elle les choses sont très claires : quand on n’est pas français, pour devenir français il faut être plus français que les Français.
La leçon de Clara c’est que même avec un faciès européen et jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il n’est pas facile de s’intégrer à la France lorsqu’on est d’une autre religion. Les Schreiber l’ont vécu malgré qu’ils se soient faits aussi Servan pour se fondre dans le décor et la première génération de l’immigration portugaise, espagnole ou encore italienne, pourtant la plupart du temps chrétienne, n’a pas non plus échappé au rejet. C’est dire que le débat sur l’identité nationale s’imposait de lui-même dès lors qu’existe pour toujours en France, sauf génocide, une forte population ethniquement et religieusement différente. Sa carence, cependant, réside dans la très faible présence de l’autre voix, premier objet du débat. Comme disait Coluche, «les Français parlent aux Français» et il faudra certainement d’autres débats et beaucoup d’eau sous les ponts avant que le problème ne trouve une solution. On s’y approchera le jour où l’accusation d’islamalgamisme aura la même force de dissuasion que celle d’antisémitisme. Pour la burqa et autres détails de ce genre, on pourra dire notre mot à partir d’ici une fois qu’une femme, surtout quand elle est étrangère, serait tolérée sur les plages de l’Iran et d’autres contrées musulmanes en maillot de bain. Au fait, l’étudiante française, Clotilde Reiss, ce n’est pas voilée qu’elle se présente devant le tribunal de Téhéran ?

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