Chroniques

Un vendredi par moi

Dans la chronique de la semaine dernière, j’ai jugé utile d’attirer l’attention sur un article (Attajdid du 26 février 2010) de M. Ahmed Elhamdaoui, président du Mouvement Unicité et Réforme, traitant des différences entre «le changement radical et la construction accumulative». J’en ai déduit que toute la mouvance islamiste, quelles que soient ses obédiences, cherche la construction  d’un modèle de société conforme à la chariaa. J’avais notamment écrit : «Tandis que les radicaux, pressés, œuvrent pour la révolution en considérant que tout réformisme ne peut que consacrer la dépravation de la société et profiter au système en place, les réformistes estiment au contraire que c’est «la réforme progressive et la construction accumulative» qui sont à même de concrétiser les desseins et les espoirs des islamistes.» Des thèses de M. Ehamdaoui, j’ai également retenu que radicaux comme réformistes «font un même diagnostic, ciblent un modèle identique mais divergent sur le remède et sa posologie.» (cf. ALM du 5 mars 2010). Dans son éditorial du 8 mars 2010, intitulé «Discussion sereine», le journal Attajdid estime que je suis tombé dans deux grands amalgames. Le premier consisterait à avoir considéré que ceux que le président du MUR qualifiait d’apôtres du changement radical correspondaient aux composantes de la Salafiya Jihadiya. Le second, d’avoir conclu sans raison que la mouvance MUR-PJD ciblait la construction du même modèle de société que les islamistes radicaux, la seule différence entre eux étant les voies et moyens d’y arriver. J’ai relu attentivement l’article de M. Elhamdaoui et je me vois contraint d’assurer qu’il ne me semble pas avoir mal lu ses propos, sauf peut-être quand j’ai cru comprendre qu’en parlant du courant radical, révolutionnaire et donc à mes yeux, par définition classique, violent, il entendait tous ceux qui composent la vaste nébuleuse de la Salafiya Jihadiya. Ce n’est peut-être pas le cas et il appartient en conséquence à M. Elhamdaoui ou à la rédaction d’Attajdid de décoder pour nous la qualification radicale et de nous instruire sur son contenu. De même, et en dehors, entre autres exemples, de la façon dont les uns et les autres se tiennent pendant la prière,  ils devraient nous aider à comprendre ce qui peut différencier sur le fond et pour l’essentiel «le projet de société conforme à la chariaa» des différents mouvements islamistes. En quoi, par exemple, la société que veut le MUR-PJD, mais alors – précisons-le – dans sa phase terminale, serait-elle différente de celle des autres mouvements. Suis-je peut-être, comme beaucoup,  paranoïaque et il ne m’est certainement pas toujours facile de déceler avec certitude ce que dans les positions des islamistes en général relève de l’attitude sincère ou de la concession tactique. Mais lorsque je vois les précautions qu’Abou Hafs, converti au centrisme et qui squatte ces derniers jours les unes d’Attajdid, prend avec l’usage que l’on peut faire en Islam de la démocratie dans son acception universelle, je ne peux que rester dubitatif.

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