Chroniques

Un vendredi par moi

L’évènement estival le plus marquant de ce juillet est sans conteste l’assemblée générale du Mouvement Unicité et Réforme (MUR) dont l’alter ego, quoi qu’en disent ses résolutions, est le PJD de Abdelillah Benkirane. Décidément, ces gens là ne font rien comme tout le monde. Quelle formation, quelle organisation, quel parti lui viendrait à l’idée de tenir son congrès en pleine canicule ? La sémantique de cette rencontre au cœur de l’été est très forte. Estival ne rime pas forcément avec festivals. Et l’exposition des corps à moitié nus sur les sables des plages n’est pas leur goûter ni le bronzage au bord de la mer leur tasse de thé. La prière, rien que la prière. Pour piquer une tête dans l’eau fraîche, ils attendront les paradis où coulent les fleuves éternels. Mais les assises des islamistes modérés, par une lettre au Souverain, Commandeur des croyants, mettent de la cohérence dans leur discours et, il faut l’espérer, définitivement fin au trouble qu’avait créé l’ancien président du MUR Ahmed Rissouni. Sans pour autant baisser la garde, tant il est plausible que la patience avec laquelle l’AKP turc est en train de prendre le contrôle des rouages de l’Etat pourrait les inspirer de plus en plus.  Sur programme, le MUR reste fidèle à sa ligne. Son paradigme est simple. Pour qu’une société se conforme aux préceptes célestes, sa gestion devrait être confiée aux ouléma, infaillibles théologiens de l’Islam. N’en étant pas un, je laisse aux islamologues le soin d’ergoter sur la bonne tenue des débats et la haute teneur des résolutions de l’assemblée générale du MUR en vue du rétablissement de la religion dans ses droits sur la société et le renouvellement de sa compréhension.
Tout autre chose est l’ordonnancement. A la tribune, ornée de deux grands bouquets de fleurs, tout est nickel. Une première rangée pour les premiers de la classe, les seconds au deuxième rang. La salle est sur ses trente et un, comme pour un vendredi de prière. D’un côté les femmes, de l’autre les hommes. La mixité n’a jamais été leur genre et ils ne s’en sont d’ailleurs jamais cachés. On ne peut pas donc le leur reprocher. Mais la question de la vertu à ce niveau se pose : où se situe-t-elle ? Dans l’isolement de l’objet de la tentation ou dans la résistance à son attraction ? Mauvaise querelle sans doute à des gens qui n’ont que l’envie d’arriver au pouvoir au nom d’Allah. Ceci étant, il faut reconnaître au MUR le sain esprit de l’innovation dont l’originalité se manifeste dans l’organisation des élections aux instances. Aucun ne se présente à la présidence. Des feuilles vierges sont distribuées aux membres de l’assemblée. Chacun doit y indiquer qui parmi les quatre-cent-quatre-vingt-dix-neuf congressistes est le mieux qualifié pour prendre la tête du mouvement. Miracle, c’est celui qu’on attendait qui arrive. Le président sortant, Mohamed Hamdaoui, devient le président entrant. Le mode du scrutin est inédit mais son résultat c’est du déjà vu.

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