Chroniques

Un vendredi par moi

J’ai lu et relu l’éditorial de Mustapah Alkhalfi dans Attajdid du 15 mars. Il porte sur la Commanderie des croyants et la révision de la Constitution. A en croire son titre ce n’est qu’une première esquisse de ce que devrait être leur participation au débat autour de la prochaine Constitution. C’est un plancher qui ressemble à un plafond. Hasard sans doute, mais le hasard fait bien les choses, la discussion qu’il ouvre se décline en sept points, exactement le nombre des orientations fixées par le Souverain à la commission en charge de la préparation du projet constitutionnel. Rien que ce parallélisme des formes est de mauvais goût. Quand on gratte un peu, les sept propositions débouchent sur une Constitution islamiste. Peut-être les PJDistes ont-ils mangé du lion, probablement agissent-ils par besoin de surenchère en interne, en direction du mouvement de Abdeslam Yassine, sans oublier qu’aux entournures, la constitutionnalisation de l’amzigh doit les ennuyer. Mais les frères ont à gagner à revoir leur copie et à se montrer un peu plus sérieux. «Tout le monde est tenu par le respect de la loi que ce soit l’Etat ou la société […] Si l’Etat autorise une manifestation quelconque, il faut que les choses suivent la procédure et si l’état ne l’autorise pas, les personnes intéressées peuvent recourir à la justice.» Propos du ministre de l’Intérieur à la suite de la répression de la manifestation du dimanche 13 mars à Casablanca ? Du tout, mais de Lahcen Daoudi, secrétaire général adjoint du PJD. Naturellement on ne retrouve pas le même ton chez son camarade du parti Mustapha Ramide, mais de toutes les déclarations à ce sujet, celle de Daoudi est la plus sensée. Le PJD passe par une curieuse étape de sa vie où se télescopent les attitudes et les positions. Il est tout à fait normal de mettre ces divergences sur le compte du fonctionnement démocratique du parti de Abdelillah Benkirane qui devrait être très attentif à ce qui se passe au sein de sa formation. Car visiblement c’est sa tête qui est ciblée. Nombre de ses frères de combat cherchent à l’entraîner dans un test de rapport des forces avec le pouvoir. Il devrait s’en méfier, lui si prompt à partir sur les chapeaux de roue. Dans la rue ces derniers jours, ceux qui veulent transformer la brèche en  faille béante ne sont intéressés ni par la monarchie parlementaire ni par les libertés individuelles. Ces principes ne sont pas de leur culture. Les gauchistes d’Annahj ont encore dans leurs références idéologiques l’anachronique dictature du prolétariat et les intégristes d’Al Adl Wal Ihssane ont pour objectif l’instauration de la wilaya du faquih, un peu à l’iranienne mais en moins intelligent. Quel point commun entre les deux mouvements ? Aucun sinon, comme disait Lénine, que les extrêmes finissent toujours par converger.

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