Culture

Ça jaz à Rabat

Le public de Rabat aime le jazz. Il est venu en masse pour assister à la 7ème édition du festival jazz aux Oudayas qui se poursuit jusqu’au 11 juin. Un chapiteau a été dressé au bord du fleuve Bou-Regrag. Il peut recevoir près de 700 places assises, et dimanche dernier il n’y avait pratiquement pas de places libres.
Au programme, deux trios européens qui jouent d’une façon très différente. Le premier est néerlandais : Jess van Ruller Trio. Il se constitue d’un guitariste, un batteur et un contrebassiste. Ce groupe s’inscrit parfaitement dans la tradition du jazz américain. Une phrase musicale constitue souvent un repère aux improvisations des artistes.
Ce trio est peu spectaculaire. Ses membres se tiennent d’une façon statique sur la scène. Ils ont cependant une grande fraîcheur dans le jeu. Le batteur est particulièrement doué ; ses prestations en solo ont soulevé à chaque fois un tonnerre d’applaudi- ssements. Le moment le plus attendu de la soirée est une fusion entre un luthiste marocain, Nacer Houari, et le trio néerlandais.
Le premier morceau qu’il a interprété est une composition arabe classique. Le trio l’a juste accompagné très timidement. Il n’y avait pas de synchronie dans le jeu. Il était clair que les musiciens ont eu très peu de temps pour répéter ensemble. On pensait qu’on allait assister à une fusion – juste pour la forme, histoire de marocaniser un événement musical européen. Mais la suite du spectacle a heureusement démenti cette appréhension. Nacer Houari a interprété l’immortelle chanson de Maâti Belkacem «Alach Ya Ghzali». Là, la fusion a très bien fonctionnée. Il n’y a pas lieu de parler d’un timide accompagnement, mais d’un morceau interprété de façon égale par quatre musicien.
Cette interprétation montre que certaines compositions du patrimoine musical national gagnent à être revisitées par d’autres formes musicales. Qu’elles supportent l’audace, la requièrent même. Elles apparaissent ainsi à chaque fois sous un nouveau visage. Le trio écossais AAB a succédé aux Néerlandais. Deux membres formant ce groupe sont frères-jumeaux. Et quels jumeaux ! Des malabars qui seraient mieux à la première ligne d’une mêlée de rugby que sur scène. Les frères Bancroff sont impressionnants, et c’est un véritable plaisir de voir leurs corps de géants se démener pour arracher à leurs instruments des sons. Sur le plan du jeu, ce trio constitué d’un saxophoniste, un batteur et un guitariste est très peu académique. Ses membres jouent d’une façon hors-la-loi, introduisent des innovations dans le jazz. C’est ainsi qu’ils ont interprété un morceau du folklore écossais dont ils ont modifié l’apparence première. Leur jeu très agressif, complètement déchaîné, permet de se faire une idée sur les nouvelles tendances de jazz en Europe.
Au reste, la scène aménagée à l’intérieur du chapiteau est trop basse. Elle fait à peine 70 cm de hauteur. Ce qui ne permet pas toujours d’avoir une bonne visibilité de la scène. Les portables ont encore une fois sonné.
Certaines personnes persistent donc à penser que la terre ne tournera pas de la même façon sans leurs portables. Pourtant, M’hamed Bhiri qui fait la présentation des soirées, leur a rappelé avec beaucoup d’humour, pendant le concert de samedi, qu’il faut absolument se débarrasser de leurs portables pendant la durée du spectacle. Il a donné l’exemple en envoyant le sien contre un mur. Un portable en mica, of course !

Articles similaires

Culture

Propriété intellectuelle : L’OMPI appuie le Maroc

L’organisation soutient tous les aspects de la vie dont le zellige

Culture

Un appel à candidatures vient d’être lancé / FIFM 2024 : A vos films !

Le Festival international du film de Marrakech (FIFM) lance un appel à...

Culture

«Jam Show» sur 2M : elGrandeToto et Dizzy Dros président le jury

Elle vise à promouvoir les talents émergents de la scène rap marocaine

Culture

Villes intelligentes : Seconde édition du salon pédagogique, cette fois-ci à Agadir

Après Casablanca c’est au tour de la ville d’Agadir d’accueillir la seconde...