Culture

A bâtons rompus : Soultane : « je ne revendique pas ce que je ne suis pas »

© D.R

ALM : Qu’est-ce qui a été l’origine de votre entrée dans l’univers musical au Maroc ?
Ahmed Soultane :  Avant d’évoquer ma carrière musicale que je viens à peine d’entamer, j’aimerais revenir à mon enfance. En fait, la musique n’est entrée dans ma vie que dernièrement. Je suis né à Taroudant en 1976. Lorsque j’avais un an, mes parents ont émigré en France. J’ai donc fait toutes mes études dans ce pays. Au fil du temps, je devenais de plus en plus attaché au Maroc. À chaque fois que j’avais des vacances, je revenais chez moi, pour rencontrer mes amis.
C’est à cette époque même que j’ai commencé à jouer de la guitare. Au départ, c’était juste pour m’amuser. La guitare s’alliait parfaitement bien à mes activités de surfeur.  Mais, je n’ai commencé à manifester de l’intérêt pour la musique qu’en 1997 lorsque j’ai rencontré des amis qui avaient le même âge que moi. Ils font partie du groupe Afrodiziac. C’est à leurs côtés que je vais m’initier aux rouages du métier.

Comment avez-vous vécu cette expérience aux côtés de ce groupe de jeunes ?
Cette expérience a été réellement bénéfique et enrichissante pour moi. Même si je n’étais pas membre de cette formation, je les accompagnais dans chacun de leur pas. J’étais constamment à leur côté. À chaque fois qu’ils se rendaient dans des studios d’enregistrement, j’étais avec eux. Je jouais le rôle de médiateur et j’ai beaucoup appris. C’est en effet au sein de ce groupe que je me suis largement familiarisé avec les techniques d’enregistrement.
Aujourd’hui, je maîtrise tout le processus de production et de diffusion d’un album audio. C’est là que j’ai attrapé la fièvre de la musique. Je ne pouvais plus m’en détacher. Je suis devenu accro. La musique est passée donc d’un simple hobby à une véritable passion.

À quelle époque êtes-vous revenu vous installer définitivement au Maroc ?
Je suis revenu au Maroc en 1997. Je me suis installé à Agadir dans une petite maison de village et j’ai créé une petite exploitation de l’huile d’argan. J’ai essayé de mettre en pratique ce que j’ai appris à l’école. Etant donné que j’ai décroché un bac commercial, j’avais quelque part cette envie de rendre service à ma région en créant une petite société. Finalement, c’est ce qui s’est passé.  Ce rêve a été renforcé par mon envie de toujours, celui de n’avoir à travailler pour le compte de personne. 
Aujourd’hui quelques employés travaillent avec moi dans cette exploitation qui est devenue au fil du temps une véritable micro-économie. Je continue jusqu’à présent à m’engager dans mon travail socio-économique, mais je n’en oublie pas pour autant le domaine de la chanson. D’ailleurs à chaque fois que je gagne un peu d’argent dans l’huile d’argan, je l’investi dans la musique.

L’album que vous venez de produire chez Platinum est presque entièrement en anglais. Pourquoi ce choix ?
Dans cet album, il y a deux chansons qui sont interprétées entièrement en arabe. Les autres morceaux sont des mélanges du dialectal et de l’anglais. En fait, le choix de la langue anglaise s’est fait de manière très spontanée. Ce n’était guère étudié ou dans un but de vendre l’album. La vérité c’est que par respect pour ma langue, je ne veux pas faire du n’importe quoi. Ce n’est pas dans mes habitudes de revendiquer ce que je ne suis pas. Pour cette raison, je préfère me lancer dans des registres que je maîtrise.
C’est une façon de me protéger, moi et mes auditeurs. Il faut avouer que je ne suis pas un professionnel de la « darija », donc je ne veux pas m’aventurer dans un chemin que je ne connais pas. Je ne veux pas courir ce risque.

Le choix du titre «Tolérance» a-t-il été influencé par votre esprit de la solidarité et de la communauté développé lors de votre travail dans votre micro-entreprise ?
Peut-être que c’est le cas. Mais en tout cas, un album est par définition un espace tolérant. C’est vrai que cet album soulève plusieurs questions autour du thème de la solidarité et du respect des autres. Ces sujets sont quelque peu dictés par la conjoncture internationale et aussi par le climat dans lequel vivent nos sociétés. Je pense en toute connaissance de cause, que la musique doit servir quelque part à réveiller les consciences.

Quel est votre rapport avec les autres groupes de jeunes musiciens qui font eux aussi de la fusion ?
Je possède de bonnes relations avec des groupes tels que Darga, Hoba Hoba Spirit ou encore H Kayne. Nous avons déjà discuté de la probabilité de réaliser une tournée musicale dans plusieurs villes du Royaume. Après le mois de Ramadan, moi et le groupe H-Kayne nous projetons de faire un concert.
Je n’ai pas encore de détails sur ce spectacle, mais nous y travaillons pour concrétiser ce dessein. Ce sera une occasion pour moi de me produire pour la première fois sur scène aux côtés de ces groupes qui ont eux l’habitude des podiums et des concerts à grand public.

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