Culture

Amina Harrak : «Le charme de Tétouan se découvre à l’aube»

© D.R


ALM : Votre exposition s’intitule «Tétouan, ma ville». D’où vient cet attachement à cette ville et comment se traduit-il dans vos oeuvres ?
Amina Harrak : J’ai une passion pour Tétouan, ma ville natale. J’ai de la nostalgie pour la ville de mon enfance. Tétouan que je peins est cette ville blanche par ses rues, ses maisons et ses gens. Une ville propre, sereine, calme et organisée où chacun avait sa place. La ville s’est dégradée à un moment. Mais il faut dire que Tétouan a commencé à récupérer sa beauté, grâce à la bienveillance de SM le Roi Mohammed VI. La médina de Tétouan se distingue par son cachet arabo-andalous et sa luminosité exceptionnelle d’où la présence dans mes tableaux du travail de l’ombre et la lumière. On retrouve dans mes œuvres, différents traits qui font la particularité de cette ville, notamment les couleurs méditerranéennes, les arcades, les minarets et les dômes des mausolées et les habits traditionnels des habitants. Le charme de cette ville se découvre tôt à l’aube. C’est à cette heure, et aussi le soir, qu’on peut admirer la beauté de Tétouan, quand il n’y a pas ces marchands ambulants de toutes sortes qui peuplent ses rues. Le fait d’avoir vécu à l’étranger m’a beaucoup marquée. Je me suis rendu compte de la beauté du Maroc. Il y a matière à faire un tableau, là où peut atterrir notre regard. Cela est peut-être dû à mon optimisme. Mais, notre patrimoine doit être préservé.

Vos tableaux représentent aussi des scènes de la vie quotidienne d’habitants de villes ancestrales. Est-ce votre manière de faire appel à la sauvegarde de ces dernières ? 
Quand je suis en face d’une toile vierge, la première chose à laquelle je pense, est la beauté du patrimoine de nos villes marocaines. Il est de la responsabilité de tous d’agir pour la sauvegarde de ce patrimoine ancestral inestimable qu’on retrouve également dans plusieurs villes du Royaume (Fès, Meknès, Marrakech, Rabat…) et qui se dégrade malheureusement peu à peu par manque d’entretien. On ne peut pas se permettre d’oublier les médinas. Ces dernières font partie intégrante de notre patrimoine civilisationnel. 

Vous avez eu une longue carrière de journaliste. Comment est né votre amour pour l’art? Et quelles ont été vos influences ?
L’art et les couleurs m’ont  toujours fascinée même si je suis issue d’un milieu conservateur, où je ne pouvais me permettre d’avoir une formation artistique. J’ai suivi des études de sciences politiques. J’ai aussi été correspondante de la MAP à Madrid. Puis j’ai enseigné à l’Institut de journalisme à Rabat. Mais, j’ai toujours gardé cette obsession pour l’art. J’ai pris par la suite ma revanche en entamant plusieurs formations d’art plastique et en visitant les ateliers de grands artistes.
J’ai été très influencée entre autres, par le peintre Mariano Bertucci, le fondateur de l’Institut des beaux-arts de Tétouan et dont l’œuvre a magnifiquement représenté la beauté de différentes villes marocaines. J’ai aussi été influencée dans ma jeunesse par une artiste-peintre et amie, qui s’appelle Aziza, qui avait poursuivi ses études aux Beaux-arts avec des peintres de la trompe d’Ahmed Ben Yessef. Ma première exposition remonte à 1988 à Madrid. J’y ai exposé mes premiers tableaux, encouragée par des amis qui avaient aimé mes représentations du Maroc. J’ai commencé timidement, maintenant je m’éclate en peignant. Peindre, me procure une sensation de liberté. La peinture me permet également de résister et d’affronter les aléas de la vie et les circonstances tristes.
 

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