Culture

Chevauchée arabe à Paris

Les oeuvres présentées sont innombrables et tout à fait révélatrices de l’importance du cheval dans les cultures d’Orient et d’Occident. Certaines sont empruntées aux musées les plus prestigieux du monde. Le Louvre, le musée de St Petersbourg, la British Librairy, le musée d’Art Contemporain de Téhéran entre autres, en ont proposées qui furent «choisies», comme l’a expliqué à notre journal Eric Delpont, commissaire aux arts islamiques de l’IMA, aussi bien «pour leur rareté et leur diversité» que parce qu’elles sont «inédites et rarement montrées en France».
Cette diversité se manifeste aussi bien sur le plan des matières utilisées pour représenter le cheval que du point de vue de la figuration de l’animal. Le cheval est présenté sur toutes sortes de supports : calcaire, marbre, parchemins, céramique, plâtre, métal, porphyre, albâtre, bois, tissu, cuivre, argent, or, grès, etc. Le travail scénographique veut mettre en perspective les oeuvres en fonction de leur nature et de leurs origines diverses, sachant que «toute l’exposition repose sur l’idée d’un va et vient entre ce qui provient de l’Orient et de l’Occident» nous a expliqué Eric Delpont. Le cheval comme objet d’admiration commun aux Orientaux et aux Occidentaux est l’autre thème de l’exposition. La première section présente des figurines de bronze en provenance du Yémen (1er millénaire avant JC) et on y trouve aussi en contrepoint des pièces archéologiques telles que des «chevaux au galop» proposés par le musée archéologique de Rabat. Suivent ensuite des exemplaires rarissimes de traités de «Furussiya» tel ce recueil superbe dit « livre précieux des disciplines scientifiques» écrit par Ibn Ya’cub al Khuttali au 14ème siècle et copié en 1474.
L’exposition ne se contente pas toutefois de traiter des représentations archéologiques ou scientifiques du cheval. Elle explore aussi les usages qui accompagnent la relation à cet animal. Les autres sections présentent des pièces concernant «le harnachement des chevaux», «l’archerie», des thèmes comme le cheval en tant que «compagnon d’armes», «parure», et «emblème d’autorité». Il faut prêter une attention particulière à la section des «soins au cheval». On y découvre un «livre des soins donnés aux chevaux et aux autres montures», 3 volumes in-quarto, rédigés au Maroc en 1714 et proposés par la bibliothèque royale Hassaniya de Rabat.
Au registre des usages du cheval, il ne faudra pas non plus négliger les sections qui traitent de «la chasse» (fauconnerie comprise) ou des jeux et des exercices d’adresse. Sans oublier que les chevaux ont été les premiers véhicules de l’Islam (sur la terre comme au ciel), chose que traduit magnifiquement une superbe illustration d’or et de bleu d’Ispahan décrivant le cheval du Prophète. Le parcours s’achève sur une grande salle où sont présentées des productions remarquables de l’orientalisme français, qu’il s’agisse de photographies ou de peintures. Des tableaux du Baron Gros, Géricault, Delacroix, Gustave Moraux et Eugène Fromentin sont au nombre des pièces proposées. Il reste que cette exposition a tout de même suscité une petite polémique : compte tenu de la diversité des oeuvres, le thème «Chevaux et cavaliers arabes» paraît un peu réducteur. Les races de chevaux évoquées sont aussi turco-mongoles, perses, indiennes, andalouses, barbes. Les oeuvres sont orientales, maghrébines, occidentales. N’aurait-on pu trouver une formule plus adéquate ? La question a été posée à Eric Delpont qui nous a précisé que ce titre n’était que l’un de ceux qui furent initialement proposés. Nous lui concédons bien volontiers que les mythes ont leurs raisons que la raison ne connaît pas.

• De Paris, Hicham Ouazzani

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