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 Keziah Jones : black orpheus

 Inventeur du blufunk (un mélange de blues et de funk), Olufemi Sanyaolu alias Keziah Jones, se réclame de Fela (d’ailleurs, le batteur Tony Allen, fidèle du créateur de l’ afrobeat, l’accompagne) et de Jimi Hendrix, mais aussi de John Coltrane ou de Prince. Né à Lagos au Nigeria et élevé en Angleterre, ce virtuose de la guitare rapplique avec Black Orpheus, album ainsi intitulé d’après le film Orfeu Negro. Enregistré avec Russell Elevado, un fidèle collaborateur de The Roots, D’Angelo, Alicia Keys ou Jay Z, ce quatrième épisode de la carrière du musicien philosophe, débutée dans le métro parisien, a navigué entre Paris, Londres et l’Andalousie. À trente-quatre ans, Keziah Jones, fier de ses origines yoruba, y célèbre ses ancêtres dans un échafaudage cosmopolite de voix traditionnelles (parfois passées au tamis électronique), de cuivres free-jazz ou de percussions endiablées. Son hommage chaleureux se décline en ballades et mélopées quasi-a capella d’où s’échappent des références à Gainsbourg "Wet Questions" et des rythmes pop-rock. Une invitation au voyage propulsée par "Femiliarise", titre qui pourrait bien douze ans après dépasser le succès de "Rhythm Is Love".


Michael Jackson : Off the wall

Enfin voici la remasterisation tant attendue que méritait le chef-d’oeuvre de Michael Jackson. Légèrement relooké tout en respectant l’esprit de la pochette du LP original, l’ensemble a fière allure. Déposé dans la platine, le CD martèle des basses infernales, gonflées à bloc par la numérisation qui n’écrase jamais la dynamique initiale. On sait que Off The Wall marque l’entrée en fanfare de Michael Jackson sur le devant de la scène internationale, qu’il est un cross-over parfait entre le funk et les préoccupations musicales du public blanc. Cette réussite, Jackson la doit à son mentor producteur et arrangeur Quincy Jones rencontré via le film The Wiz dont il signa la bande originale. Avec lui, le musicien de jazz amène quelques requins de studio dont l’impeccable bassiste électrique Louis Johnson que cette édition met particulièrement en avant. "Don’t Stop Til’ You Get Enough", "Get On The Floor", "Burn The Disco Out"… : l’histoire est connue. Sony offre ici la réédition définitive d’un classique incontournable de la musique black (quoi que l’on puisse penser à ce sujet de Michael Jackson) qui annonce le carton international de Thriller.


 Soft machine : Third

 Soft Machine était le plus jazzy des groupes de rock progressif britanniques de la fin des années 60. Cet album est leur chef-d’oeuvre. C’est également un des disques emblématiques de la période hippie, avec ses quatre chansons sur deux disques. En première partie d’Hendrix en 1968, Soft Machine était un trio, mais sur Third, on retrouve cinq autres musiciens dont des cuivres et un violon. Le joliment arrangé "Slightly All The Time" du clavier Mike Ratledge contient des cuivres puissants et des percussions terrifiantes de la part du batteur Robert Wyatt, qui emmène le rock "Moon In June" avec sa force et ses paroles (Wyatt, qui est devenu hémiplégique à la suite d’un accident, sort encore de bons disques de chanteur- compositeur). On pourrait penser que la musique a été composée sous l’influence des grands albums de 1969 de Miles Davis, In A Silent Way et Bitches Brew. Cela donne un disque qui représente son époque, mais qui a surtout très bien vieilli.


Biréli Lagrène : Front page

Il arrive fréquemment que les "all star", ces réunions de pointures plus ou moins appariées, soient décevantes. C’est loin d’être le cas ici. D’une part parce qu’il ne s’agit pas vraiment d’une réunion fortuite mais bien d’un trio dont les membres ont composé (individuellement ou en commun) la quasi-totalité du répertoire et, à l’heure où j’écris, le rôdent sur scène  ensuite parce que ce qui rassemble Lagrène, Di Piazza et Chambers, c’est moins leur époustouflante virtuosité qu’une conception commune du son, du groove à trois et de la mélodie. C’est souvent elle, exposée par la guitare ou la basse, qui se trouve au coeur des thèmes de cet enregistrement où drive et finesse, force et subtilité se répondent en permanence. Les amateurs de vélocité et de haute voltige instrumentale trouveront bien sûr leur compte ici, mais le propos reste avant tout musical et dominé par l’impressionnante interaction entre les trois hommes. Mention spéciale à Dominique Di Piazza qui, après une retraite de plusieurs années opère un impressionnant retour, par la grande porte et en royale compagnie.

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