Culture

La Blouza oujdia : le temps des hésitations est révolu

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Confectionné en séries ou réalisé à la main, le vêtement est conçu pour couvrir une partie ou l’intégralité du corps. Par la force des exigences distinctives et le progrès qui a affecté plusieurs domaines, l’habit a pris une importance classificatoire lui conférant une dimension communicative. Aussi est-il devenu un indice culturel se rapportant à des parures rehaussées d’ornements spécifiques qui consacrent la dimension sociale, culturelle ou même psychologique de la personne qui le porte. Au niveau de l’Oriental, la Blouza (robe connue au niveau de l’Oriental marocain et de l’Oranais) a souvent fait la fierté des femmes qui la portaient lors des différentes cérémonies ou fêtes familiales.
La Blouza est une robe de soirée ou d’intérieur. Elle est légèrement décolletée au niveau du buste avec broderie ornée de galons perlés de couleurs vives et de formes différentes. Souvent ornementée de strass, de paillettes, de pompons de perles ou de sequins de différentes formes, qui lui profèrent des effets de flexibilité et de scintillement qui font sa beauté. Elle se caractérise aussi par des coupes distinctives au niveau du buste avec de manches en éventails fermés ou ouverts. Confectionnée en nid d’abeilles et en dentelles ou à rubans enchevêtrés qui provoquent des doublures en vagues saccadées, elle peut être cintrée au niveau du buste sans effet de corsage. Astuce qui lui confère le charme d’une féminité exprimée grâce au recours à des fils élastiques à effets de fronces plus ou moins serrées. La Blouza peut aussi être faite en dentelle avec motifs et doublures en soie bordés au niveau de la poitrine et du dos. Portée souvent avec sa «Tahtiya ou Jaltita». C’est aussi une robe légère faite à la main et ornée de «Fetlates» qui l’ancrent dans un registre proprement marocain vu ses similitudes avec la Takchita. D’ailleurs, pour assurer la pérennité de la Blouza, plusieurs couturières de l’Oriental sont en train de s’inspirer de la dynamique enclenchée autour du caftan. «Il fallait donc innover et modifier certaines caractéristiques au niveau de la cape notamment tout en customisant des modèles variés. Pour réaliser cela, on a dû s’inspirer de la broderie tangéroise, le «tarze Alfassi , le Majboute orné de perles de toutes les dimensions sans pour autant négliger la spécificité locale qui reste la constante de toutes les variables réalisées», précise de son côté Khadra T. Et d’ajouter: «ces techniques ont permis jusqu’à présent la réalisation d’une trentaine de modèles avec des différentes formes et styles. Cela me permet d’avancer avec fierté que nous avons actuellement une Blouza à 100 % oujdia». Le souhait exprimé par plusieurs couturières est de créer un phénomène de mode autour de la Blousa afin de lui assurer la pérennité escomptée. C’est faire d’une pierre deux coups. Sauvegarder un patrimoine en phase de déclinaison et démontrer que la Blouza oujdia est en parfaite harmonie avec les attentes des femmes en quête de nouveautés et de modes. «Et puisque la couture est devenue, sous l’impulsion de la demande et l’apport artistique des artisan, à la fois une expression de créativité personnelle et source de revenus juteux il fallait réajuster quelques coupes et éviter les encolures basses pour relancer une couture aux goûts de l’époque», rapporte Mimouna Tahiri, une couturière qui a participé à la dernière exposition chapotée par le département de l’artisanat.
Aussi affectée soit-elle par la gamme autorisée par la coutume et les convictions religieuses, la Blouza oujdia est en train de subir des modifications à partir de son modèle de base. Une diversité de types qui consolide l’originalité convoitée et qui s’inscrit en amont avec l’ensemble des phénomènes créatifs et commerciaux. Cela répond aussi aux attentes de plusieurs femmes qui ont délaissé, ces dernières années, la Blouza par pudeur à cause de son aspect décolleté mais qui sont en train de se costumer en Blouza, nouveau modèle. La Blouza, en tant que signe vestimentaire distinctif, a failli subir les aléas du temps si ce n’est l’attachement de certaines femmes à leurs coutumes. C’est grâce à ces femmes qui ont porté jalousement leurs modèles que la Blouza a sauvegardé son effet d’usage en dépit des contextes changeants. Le prix bas du confectionné et les préjugés qui accablent toute femme laissant apparaître ses bras et la partie supérieure de sa poitrine ont failli faire ranger, pour de bon, dans l’armoire des oubliettes une remarquable spécificité vestimentaire. Mais puisque à quelque chose malheur est bon, l’intérêt pour la Blouza oujdia a gagné en allure de mode et les couturières locales ont compris que l’innovation est mère des vertus. « Il fallait revoir deux choses : le décolleté et les manches courtes. Pour des considérations de croyance, une femme est mal vue quand elle laisse apparaître la partie supérieure de son buste qui s’étend du cou à la naissance des seins ou porte des vêtements à dos découpé», explique à ALM Fatiha Madani ,une couturière d’Oujda. C’est cette dimension séductrice qui n’a pas permis à la Blouza de bénéficier du même intérêt accordé au caftan par exemple. Le caftan traditionnel est plus pudique alors que la Blouza est plus «légère». Sur le plan pécuniaire, les prix d’une Blouza varient selon les modèles et les pièces ornementales. On peut acheter une Blouza à partir de 150 DH. D’autres sont vendues à 2000 DH. Cela dépend de son prix de revient. D’autant plus que les pièces de confection ont connu des hausses dépassant les 400 % en une décennie. «On a besoin d’au moins 200 DH pour les paillettes et autres ornements. Les prix des tissus varient aussi et dépendent du choix de la cliente. Et pour réaliser une Blouza j’ai besoin d’au moins quatre jours avec une moyenne de 10 heures par jour», rapporte Mimouna Tahiri.

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