Le Musée national du Liberia, quasiment vide depuis les pillages de la guerre civile, expose un soulier taché: «c’est la chaussure de Prince Johnson», ancien chef de guerre sanguinaire. Assis sur un vieux banc, le menton dans une main, l’administrateur Albert Mackeh contemple pensivement les quelques dizaines d’objets exposés dans la galerie «ethnographique», longue d’une vingtaine de mètres. «Ce sont des objets collectés pendant et après la guerre (1990-2003). Quant à nos collections d’avant-guerre, elles ont toutes été pillées», rappelle le responsable du musée construit en 1850 sur Broad Street, au cœur de Monrovia. Ironie de l’Histoire, ceux-là même qui ont vidé le musée y voient aujourd’hui leurs équipements de guerre exposés.
Sur un coin de table, M. Mackeh se saisit d’une chaussure de toile et de cuir: «c’est celle que Prince Johnson portait pour aller combattre. D’anciens combattants nous l’ont apportée».
Responsable de la mort de centaines de personnes dans son petit pays d’Afrique occidentale, Prince Johnson siège aujourd’hui au Sénat. Mais il restera dans les mémoires comme celui qui avait fait filmer ses hommes torturant à mort le président Samuel Doe en 1990.