Culture

Le dernier Hakim Noury

Wafaâ (Fatim Layachi) est une jeune femme qui vit de la générosité de ses amants. L’argent qu’elle gagne fait vivre un frère, une soeur et une mère complaisante. Aziz (Younès Mégri) est un fonctionnaire intègre de l’Etat. Il rencontre Wafaâ et en tombe amoureux.
Celle-ci résiste d’abord, mais elle finit par avouer son histoire qui émeut au plus haut point Aziz. Muté à Oujda par les soins d’un puissant amant de Wafaâ, Aziz propose à sa bien-aimée de le suivre. Elle accepte, seulement le puissant Si Issam (Hamidou) ne l’entend pas ainsi. Il séquestre Wafaâ et l’oblige à dire à son fonctionnaire qu’elle ne s’intéresse pas à lui.
Dépité, Aziz fait ses bagages et prend le chemin de l’Oriental. En route, il est subitement pris par une illumination : il veut visiter une dernière fois un lieu au bord de la mer où il avait l’habitude de rencontrer Wafaâ. Cette dernière avait entre temps fui la maison de son cerbère. Elle a couru comme une folle jusqu’à l’appartement de Aziz, qui était déjà parti.
Heureusement, elle a la même idée que son amant. Et c’est ainsi que les deux amoureux se rencontrent au bord de la mer dans une immense accolade, menacée par le réveil du méchant amant que le réalisateur a jugé intéressant de laisser dormir, histoire ne pas troubler son happy-end. Telle est en gros la trame de « Une histoire d’amour », le dernier long-métrage de Hakim Noury. Le sujet en soi n’a rien d’original. Il a été maintes fois traité dans la littérature et le cinéma. L’amour d’une prostituée avec un jeune homme existe dans «Manon Lescaut», «La dame aux camélias» et trouve ses derniers avatars dans «Pretty woman».
Donc, le choix de ce sujet mérite un traitement particulier, un bon scénario, une profondeur psychologique et un vrai dialogue qui apporte du sang neuf. Ces composantes ont fait défaut au film de Hakim Noury qui a tout axé sur une surabondance de pathos. Le dialogue ne dévoile rien de la profondeur des sentiments des personnages. Il reste superficiel, et manque de tension et de progression. Le spectateur doit compléter ou deviner ce qui manque aux échanges des personnages. Plusieurs événements tombent brutalement, sans préparation préalable. Au demeurant, le film entier se ressent d’une forme de précipitation. Les séquences donnent l’impression d’être tournées à la va-vite. Il y a peu de plans qui attestent que l’on assiste à un film cinématographique. La caméra de Kamal Derkaoui est heureusement là pour dispenser de rares moments de cinéma. Elle nous offre quelques belles images lumineuses, quelques travellings, et des gros-plans, naturellement servis par le beau visage de Fatim Layachi. Le choix de cette actrice est un acquis pour notre cinéma national. Mais il faut la voir dans d’autres films pour crier à la naissance d’une nouvelle star.
Au reste, ce long-métrage, d’une durée de 90 mn, pourrait tout aussi bien constituer un téléfilm. On en sort frustré. La fin n’arrange pas les choses, en ce sens où elle ne règle rien du tout. Wafaâ trompe la vigilance de son gardien pour courir vers son amoureux. Mais lorsque ce dernier va se réveiller, comment va-t-il réagir ? Le film ne nous le dit pas.
Hakim Noury est un vétéran du cinéma marocain. Nul doute là-dessus. Il a été un réalisateur audacieux qui a toujours préféré mettre sur écran les exclus et les laissés-pour-compte. Cela honore l’homme.
Aujourd’hui, il ne semble garder de ce qui a fait la valeur de son cinéma que le choix du sujet. Combien un film comme «Le marteau et l’enclume» nous émouvait davantage !

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