Culture

Le livre en fête avec les enfants

On peut se réjouir aujourd’hui du nombre de livres pour enfants qui sortent des éditions marocaines. L’on sait que ce domaine était, jusque-là, complètement abandonné aux éditeurs étrangers. Les éditions La Croisée des Chemins et Yomad ont sorti plusieurs ouvrages qui s’adressent à des lecteurs âgés entre 3 et 6 ans. En ce qui concerne les publications des éditions la Croisée des Chemins, on dénombre cinq récits et un ouvrage didactique. Ce dernier est intitulé « Maman prépare le couscous » et l’enfant y apprend à nommer des légumes tout en les coloriant. En ce qui concerne les récits, l’histoire de « Le Doudou d’Ijjou » tient en haleine. Les séquences du texte sont en étroite corrélation avec les images. Sur ce plan-là, les associations entre l’écrit et le figuré sont fluides. Les images de « La nuit du destin » sont, quant à elles, éblouissantes. Elles ravissent les yeux.
Malheureusement le texte, un peu long, mord trop sur l’espace réservé aux images. Sa longueur peut être carrément dissuasive pour des enfants. Sonia Ouajjou est l’auteur du texte et des dessins de ce livre. « Lalla Mizette au bled de l’arganier » est également sortie des mains et de l’esprit de Sonia Ouajjou. La couleur de la police se confond, dans certaines pages, avec celle de l’image. Ce qui ne rend pas aisée la lecture. Le plus réussi des livres édités par La Croisée des chemins est incontestablement « Timesgane le petit fennec ». Écrit et dessiné par Sabine Bouhouche-Le Doze, il raconte l’histoire touchante d’un petit fennec blessé que son frère porte sur son dos pour fuir un chacal.
Pour ce qui est des éditions Yomad, on dénombre deux livres. Dans « Croco le crapaud », la police ne se démarque pas des couleurs des images, ce qui la rend peu visible. Alors que l’histoire de Croco le crapaud, qui voyait tout gris avant que le roi-lion ne lui offre des lunettes, est très attachante. L’autre livre des éditions Yomad, « les soeurs girafes, la robe de bal », de Christian Deveze et Nathalie Logié-Manche, est bien fait. Il s’agit d’une histoire claire et drôle rehaussée par de beaux dessins. Telles sont les publications qui s’adressent aux plus jeunes lecteurs dans notre pays.
Les motivations pour les éditer sont assez partagées de la part de Amina Retnani, l’éditrice de la Croisée des Chemins et Nadia Essalmi, éditrice de Yomad. Pour la première : « l’objectif, c’est de créer des livres où l’enfant retrouve son référent culturel. En tant que libraire, j’ai vu maintes fois des enfants contraints de consommer une culture qui n’est pas conforme à leur réalité ». « Je veux que les enfants marocains puissent retrouver dans Yomad leurs repères. Qu’ils soient baignés dans leur quotidienneté, et non pas extrapolé vers des situations qui interpellent un autre savoir culturel : le Père Noël, etc. », précise se son côté Nadia Essalmi. C’est l’environnement socioculturel marocain que ces deux éditrices tiennent à présenter aux enfants. Il ne s’agit plus d’une féerie intemporelle, faisant référence à une culture étrangère, mais de la réalité des villes marocaines que les enfants vivent au quotidien. Pourtant, tous ces livres sont écrits en français. Peu de Marocains comprennent cette langue à l’âge de 5 ans.
En plus, les auteurs, et tout particulièrement les illustrateurs de ces livres, sont très souvent des étrangers. Les deux éditrices déplorent dans ce sens le fait qu’il n’existe pas de bons illustrateurs marocains. Pour Nadia Essalmi : « il n’y a pas de structures de formation des illustrateurs.
À l’Ecole des Beaux-Arts de Tétouan, ils forment de futurs dessinateurs pour les B.D. et oublient d’en former pour les livres d’enfants ». Pareil pour Amina Retnani qui précise : « Je n’arrête pas de le dire : formez des illustrateurs ! ». Les prix de ces livres, qui varient entre 35 et 48 DH, sont certes moins chers que ceux qui sont édités à l’étranger, mais ils restent encore hors portée de plusieurs bourses. Le récit est le genre qui caractérise les livres pour enfants au Maroc. Pour ce qui est de la chanson, la poésie, la B.D. et le livre documentaire, le recours aux éditions étrangères est encore obligatoire.

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