Culture

Les livres de la semaine

« Le Soufisme et les Zaouyas au Maghreb », mérite individuel et patrimoine sacré
Les marabouts, le culte qui leur est voué et les attributs qui leur collent, entre autres questions, ont fait l’objet d’une étude méticuleuse de la part de Halima Ferhat. Dès les premières lexies, l’on appréhende plaisamment que l’on est sur le point de pénétrer un monde jusque-là inconnu, minutieusement décortiqué et richement argumenté. Ainsi, l’auteur commence par apporter des précisions sur la question et souligne que la vénération des saints, le pèlerinage à leurs sanctuaires et la sollicitation de leur « baraka» ne sont pas le seul apanage de l’Islam maghrébin, comme le répètent à tort et à cri les ethnologues. Il n’existerait en effet aucune différence, que ce soit de qualité ou de nature, entre la société musulmane et les autres sociétés monothéistes médiévales. « À l’instar des autres religions, l’Islam a généré une littérature d’«exempla» destinée à l’édification des masses et à la méditation des dévots. Œuvre d’auteurs pieux et bien souvent savants, elle a permis de recouvrir, ou de condamner ce qui est à la fois faux, populaire et archaïque (…) À l’inverse du monde chrétien où l’église veille jalousement sur la canonisation des saints, dans le monde musulman c’est toujours la communauté qui fait le saint, même si le pouvoir temporel a tenté de contrôler l’initiative. » À travers « Le Soufisme et les Zaouyas au Maghreb », la chercheuse ambitionne de faire la lumière sur le phénomène lié aux saints, tout en analysant les sources de telles croyances, soulignant au passage les lacunes et mettant parfois à nu les irrégularités qui auraient entachés l’écriture des hagiographies, ces biographies excessivement élogieuses consacrées à ces personnages particuliers. Halima Ferhat a donc pris son bâton de pèlerin et s’est attelée à déchiffrer cet imbroglio et à démêler l’écheveau, afin de pouvoir donner des explications sensées, basées sur l’Histoire et renforcées par un patrimoine copieux. La définition de la sainteté, les itinéraires soufis, la diffusion de la sainteté et la constitution des réseaux, l’apparition des Zaouyas et le soufisme régional, ainsi que le soufisme rural et mysticisme savant, autant de volets que l’auteur analysera en profondeur pour répondre aux questions qui gravitent autour du sujet.
« Travailleurs marocains en France », mémoire restituée
« 1er mai 2002, le matin… En marge des grandes manifestations de ce fameux entre-deux tours des élections présidentielles, 2000 personnes sont massées sur le pont du Carrousel à Paris, pour commémorer la mémoire de Brahim Bouraâm, ce jeune Marocain jeté dans la Seine le Premier mai 1995 par des nervis sortis du cortège du Front national et amenés par lui en car de la région de Reims.», c’est par cet événement que Zakya Daoud débute son ouvrage dédié, comme le suppose son intitulé, aux travailleurs marocains de France, leur histoire, l’évolution de leur communauté et les rencontres qui aboutiront à la création de l’Association des Travailleurs Maghrébins de France. Zakya Daoud est journaliste. Ancien rédacteur en chef de la revue «Lamalif», elle a à son actif « Abdelkarim, une épopée d’or et de sang », « Gibraltar, croisée de mondes » et « Gibraltar, improbable frontière ». « En 1910, débarquèrent les premiers Marocains recrutés dans le Souss : ils sont 35 500 en 1914. Pendant la Première Guerre mondiale, ils remplacent dans les usines les travailleurs français mobilisés. 200.000 Africains et 200.000 Maghrébins combattent à leurs côtés. L’hécatombe qu’est le conflit 1914-18 rend nécessaire l’organisation des arrivées par le canal d’une société privée, la Société générale de l’immigration». Ces données ne font pas pour autant de ce livre l’histoire de l’immigration marocaine ou maghrébine en France, l’auteur n’ambitionne en effet que de tirer quelques fils des parcours qu’il retrace et des profils qu’il dessine, puisse-t-il restituer une partie de l’aventure humaine, depuis les arrivées des années 60 jusqu’à l’évolution actuelle. « Travailleurs marocains en France » retrace en fait l’histoire de la rencontre entre des immigrés maghrébins de la première génération et des étudiants progressistes, entre des syndicalistes et des exilés politiques. Une rencontre qui aboutira, dans les années 70, à la création de l’Association des Travailleurs Marocains de France qui deviendra ultérieurement, en 2000, l’Association des Travailleurs Maghrébins de France. Le livre raconte comment cette association est né, suite à la rencontre de Hassan Haj Nasser et Mohamed El Ayoubi. Mohamed El Ayoubi est né en 1945 dans le Sud marocain, au delà de Tiznit. Il perd son père à 2 ans et fut élevé par sa grand-mère. Il fréquente de manière épisodique l’école et dès l’adolescence, il travaille dans une épicerie à Fqih Ben Saleh où il se rendra compte de ce que peuvent gagner les émigrés en Europe. Comparé aux rentes misérables dont le gratifie son travail, il prendra rapidement la décision de s’exiler. Avant lui, Hassan Haj Nasser était venu en France pour terminer ses études de sociologie et de politique. Leur rencontre se profilait déjà à l’horizon.
« L’Impératrice de la soie », les yeux de Bouddha
« Sur la fabuleuse Route de la Soie, l’aventure de la rencontre entre l’Orient et l’Occident… « Le plus petit caillou peut briser la plus grande jarre », avait dit Confucius. Quand le Supérieur du plus grand monastère bouddhique indien a disparu avec des reliques très précieuses, il ne se doutait pas des bouleversements qu’il allait déclencher à travers la Chine, l’Inde et le Tibet… À cause de lui, les Eglises bouddhiques intriguent, le secret de la fabrication de la soie est menacé, la police impériale harcèle les trafiquants et la très sensuelle impératrice Wuzhao doit affronter des ennemis plus que sournois dans sa marche vers le pouvoir suprême. Grâce à lui cependant, une grande passion est née entre un moine bouddhiste et une jeune Chrétienne.»
« Cancer », le connaître pour l’éviter
Comment devrait-on aborder un sujet aussi lugubre et aussi grave que le cancer ? Plutôt que d’y aller avec un discours catastrophiste neurasthénique, Dr Abderraman Filali Baba a opté pour l’humour. L’idée est d’une originalité notoire. L’humour dans le sinistre a eu pour effet de juguler l’alarmisme. Il aura ainsi permis d’entamer le livre avec une certaine sérénité et, inéluctablement, avec l’objectivité que ce sujet délicat suppose. L’intérêt à en tirer en sera accru et notre curiosité ne butera point sur un phénomène de rejet. L’ouvrage est illustré par une multitude de personnage caricaturaux, dont un homme avec une tête de crabe. C’est notre homme, celui qui va voler la vedette de la première à la dernière page du livre, cancer en latin signifiant crabe. « Le cancer est la maladie de la cellule. Cette dernière, harcelée, essentiellement par les produits chimiques d’origine multiple, devient très irritable et finit par devenir folle. Elle échappe donc au contrôle de l’organisme humain et prolifère d’une manière plus ou moins rapide et anarchique, envahissant tout sur son passage », ainsi débute notre crabe-humanoïde sa narration. Une fois les présentations faites et l’introduction épuisée, l’auteur passera aux choses sérieuses et abordera une étude synthétique, englobant divers volets telle l’épidémiologie, l’évolution, le traitement ou la prévention. « Le cancer est très discret au début, quelques fois pendant plusieurs années (5, 10 voire 15 ans). Il prend une extension loco-régionale par l’envahissement des vaisseaux lymphatiques et des ganglions lymphatiques satellites de la tumeur. Il envahit les autres organes par des métastases véhiculées par les vaisseaux lymphatiques et le plus souvent sanguins, et c’est cet envahissement qui met en péril la vie du malade. » S’ensuivra alors une étude analytique qui détaillera les divers types de cancers, leurs symptômes et leurs causes, ainsi que le traitement adéquat et la prévention qui s’imposent. Rédigé avec un style soft, le manuel est plus destiné au grand public qu’aux professionnels de la santé. Ceci n’empêche pas ces derniers d’y puiser d’importantes informations. Aussi, l’ouvrage est coiffé d’un appendice où se sont greffés le glossaire, au cas où une ambiguïté persisterait, en plus de références et d’adresses utiles. Un manuel fort utile, simple, limpide et digeste.

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