Culture

Marrakech, capitale des stars

© D.R

Finalement, même les sceptiques reconnaissent, dans les coulisses et les couloirs, que la nouvelle formule du Festival international de Marrakech (FIFM) est payante. Certains estiment même qu’en mûrissant, elle pourrait simplement s’installer dans les annales des festivals internationaux du même calibre, comme une formule de génie, une sorte de concept magique qui permettra au FIFM d’acquérir définitivement ses titres de noblesse et accéder ainsi au carré VIP des grandes manifestations cinématographiques mondiales.
À deux jours à peine du coup d’envoi de la 4ème édition du Festival de Marrakech, ces compliments peuvent pêcher par leur caractère prématuré et un tantinet laudatif. Mais il faut bien admettre aussi que deux journées sont largement suffisantes pour jauger et évaluer une formule qui ne semblait convaincre que les plus optimistes. Vieux à peine de trois éditions, le Festival de Marrakech s’était installé dans une procession féerique qui l’avait habillé d’une certaine aura. Invités prestigieux, stars du septième Art, mondanités et autres paillettes très glamour constituaient un capital qui ne pouvait souffrir aucun changement. En débarquant avec force et conviction, la nouvelle équipe du festival, pilotée de mains de maîtres par ses deux vice-présidents, Fayçal Laraichi et Nour-Eddine Sail, proposait une relecture assez audacieuse de tous ces acquis. Bien sûr, ni Fayçal Laraichi ni Nour-Eddine Sail n’avaient l’intention de déposséder le festival de cet acquis et encore moins d’éclipser les stars, les paillettes et l’esprit glamour. La vision que le comité d’organisation tentait d’insuffler au festival se situait à un autre niveau et jouait sur d’autres registres.
Si l’idée de création d’un Festival international du cinéma à Marrakech a non seulement séduit, elle a aussi bénéficié d’un soutien des plus prestigieux : celui de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. La nomination de SAR Moulay Rachid à la tête de la fondation du festival est la preuve que la volonté royale inscrit ce festival sur la voix de la pérennité, de l’ouverture du Royaume sur les cultures du monde et du professionnalisme. Mais la réussite d’une telle ambition ne pouvait aboutir que si le festival faisait ses preuves. Il fallait donc que les mécaniques soient rodées, que les dispositifs soient engagés, expérimentés et régulés. Les responsables des trois éditions précédentes ont le mérite d’avoir créer ce festival, d’en avoir fait un événement international. La chose n’allait évidemment pas de soi. Un festival de dimension internationale ne se décrète ni ne s’improvise. Il est le résultat de toute une dynamique qui exige du souffle, de l’intelligence et le plus gros des carnets d’adresses possibles et imaginables. C’est dans ce sens qu’il faut rendre un vibrant hommage aux initiateurs du FIFM et souligner la qualité du travail effectué.
Mais pour vivre et percer, le festival devait rapidement se distinguer de tous les autres festivals du même calibre. La pire des choses qui pouvait s’ancrer dans les esprits et les pratiques, c’est qu’insidieusement et sournoisement s’installent des parallélismes parasites.
Ce qu’il fallait surtout évitait, c’est idée de clonage qui s’insinuait par moments et qui consistait à comparer Marrakech à Cannes, Venise ou Deauville. Dans cette optique, le Festival de Marrakech risquait gros : devenir, en très courts termes, un festival sans âme ni identité, à peine capable de copier, avec des moyens plus modestes, d’autres festivals, beaucoup plus puissants, beaucoup plus prestigieux et mondialement reconnus.
Ce que la nouvelle équipe ambitionne donc est tout bonnement d’éviter à ce que le festival ne sombre dans la confusion des genres et des rôles et qu’il navigue à vue, en ramant à contre-courrant. Il aurait été préjudiciable au festival, à ses initiateurs et au Maroc de participer à la fabrication d’un concept qui emprunte son charisme à d’autres événements et qui dépense son énergie à essayer d’escalader les marches pour faire dans le moyennement bien ce qu’il arrive à réaliser à la perfection. Une simple question d’âme et d’identité pourrait-on dire. Et c’est justement cette volonté qui anime et qui justifie le travail de la nouvelle équipe du festival. En ancrant le dialogue des cultures du monde, en s’ouvrant sur le cinéma du Sud, en humanisant le star-system et en affichant son ambition d’être au rendez-vous des exigences artistiques et professionnelles qui sont aux normes cinématographiques internationales, l’équipe profile à ce festival une âme et une identité qu’il s’agira maintenant de renforcer et de consolider. En confiant à une société internationale rodée dans le domaine de la production événementielle, en l’occurrence Public Système Cinéma, le soin de veiller à l’organisation de la 4ème édition du FIFM, les organisateurs se positionnent clairement dans l’exigence rigoureuse qui est la leur : non seulement le festival est géré, sans état d’âme par de véritables professionnels, mais ces professionnels n’existent pas encore sur le marché marocain. Une belle manière aussi d’éviter toutes les improvisations qui auraient fini par taxer le festival d’une quelconque connotation dépréciative. Mais la chose n’avait aucune chance de se produire, puisque la destinée du festival est dorénavant entre des mains marocaines qui ont le doigté nécessaire pour honorer leur engagement et faire de cet événement un événement de qualité.

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