Culture

Plug in… Le doublage made in Morocco

© D.R

Ana Escudero parle couramment le dialecte marocain. Contrairement à ce que vous pensez, elle n’a pas séjourné au Maroc pour l’apprendre, mais elle est juste passée par Plug in. Plug in n’est ni un guide d’apprentissage ni un logiciel de traduction. Plug in est désormais un label incontournable au Maroc. Ce studio, spécialisé en doublage des productions télévisuelles, a fait de la «darija» la rivale du parler syrien et libanais. Une concurrence qui a été vivement encouragée par la direction de 2M. La synergie entre l’administration de Salim Cheikh et le team de Jerôme Boukobza et Hicham Chraibi a donné naissance à une expérience pilote dans le paysage médiatique. La diffusion de la télénovela «Les deux visages d’Ana» marquera l’histoire du doublage. «Doubler en dialecte marocain est un choix judicieux pour se rapprocher de notre auditoire», confie Jérôme Boukobza, directeur associé de Plug in. Cette proximité pourra servir de bouée de sauvetage pour les spectateurs marocains noyés dans le registre linguistique oriental. Ainsi, l’initiative de Salim Cheikh tend à ancrer une nouvelle culture audiovisuelle reposant sur un effectif 100% national. La présence de Plug in sur le marché en est la meilleure illustration. Dans le contexte technique, Plug in est un petit morceau de programme qui vient se loger dans une application pour l’adapter à l’environnement dans lequel elle va fonctionner ou en accroître les fonctions. Cette définition est la plus appropriée pour identifier Plug in «l’entreprise»: une petite structure au rôle novateur qui se plante avec détermination au sein d’un secteur en pleine mutation. Âgé d’à peine trois ans, le projet de Jerôme et Hicham a connu une importante évolution. «Au début, on a survécu en exerçant quelques travaux à savoir le son design, la post-synchronisation, l’enregistrement des serveurs vocaux et par la suite le doublage», indique Jérôme, l’un des associés. Le doublage en français était à la base de la création de ladite boîte. Cette finalité a conduit les jeunes gérants à franchir avec ténacité le monde des affaires. Les créateurs de la bande sonore et des effets spéciaux de Casanégra, ont débuté par deux régies d’enregistrement d’où est sortie leur première télénovela. Doublée de l’espagnol au français, la série de 120 épisodes a insufflé un nouvel élan à Plug in. Au bout de quelque temps, les responsables ont été sollicités par la deuxième chaîne. «Nous avons été contactés par Salim cheikh qui nous à fait part de son projet de doublage», précise Jérôme Bokobza. Chose promise chose due ! L’ambition du nouveau directeur général de la deuxième chaîne n’a pas tardé à se concrétiser. Les tractations entre les deux parties ont commencé, il y’a 5 mois. Avant l’approbation finale, deux démonstrations et un focus groupe ont été établis. Ainsi, le doublage de la série «Ana» a commencé depuis près de deux mois. En totalité, 50 épisodes de 45 minutes ont été doublés dont une quinzaine diffusée depuis le mois de mai enregistrant un taux d’audience de 38%. Ils sont nombreux à suivre Ana. Est-ce par curiosité ou bien par intérêt ? Les 38% n’ont qu’une signification : la résurgence du métier du doublage au Maroc. À l’encontre du Liban et de la Syrie, où est considéré comme industrie à part entière, le doublage peine encore à se trouver une place sur le plan national. «Doubler en dialecte a un effet un peu étrange. C’est une langue nouvelle pour ce métier. Il faut noter qu’il y a toujours matière à s’améliorer pour promouvoir ce métier», indique Jérôme. Doubler en darija n’est pas évident. Ce travail nécessite des techniques spécifiques pour pouvoir adapter la réplique au «lipsing». Traducteurs, adaptateurs et ingénieurs du son collaborent pour pouvoir trouver le ton adéquat à la scène. Ils sont une dizaine de personnes à travailler à temps plein afin de finaliser un épisode par jour. Pour avoir un doublage à la norme, il ne suffit pas d’avoir une belle voix ni de savoir maîtriser le jeu théâtral. La primauté est de dénicher une voix qui correspond au personnage. De ce fait, Plug in organise des castings en permanence dans le but d’élargir sa base de données. Actuellement, une cinquantaine de voix travaillent en freelance pour le compte du studio. En dialectal comme en français, ces comédiens de l’ombre visite les locaux deux à trois fois par semaine pour s’infiltrer dans la peau d’Ana, Ignacio ou autres. Leurs rémunérations varient selon l’importance du rôle et de la présence de la voix. Le cachet des voix principales peut s’articuler autour de 6.000 DH. Après cette première expérience, à grande échelle, Jérôme et son équipe s’apprêtent à accueillir de nouvelles offres de la part de la deuxième chaîne. Il sera sujet de deux télénovélas sud-américaines. Pour continuer en bonne tendance, l’équipe de Plug in s’est engagée à doubler deux séries de 120 épisodes chaque année. Un rendement qui va accroître l’offre sur le marché. Quant au destin de ce métier, Jérôme Boukobza s’estime confiant : «En deux ans, le doublage connaîtra une grande expansion sur le plan national». Certes, l’avenir ne peut être que prometteur. Avec Ana, s’inscrit une nouvelle ère. Cette histoire de vengeance a réuni les Marocains autour de la préservation de leur patrimoine linguistique.

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