Culture

Santé : Une solidarité sans frontières

© D.R

«J’ai rencontré un ami chirurgien à Ouarzazate, il y un peu plus d’un an. Il était tellement triste que je lui demandé qu’elle en était la raison. Il m’a dit qu’il avait vu mourir une femme atteinte d’un cancer du sein parce qu’à l’hôpital, il n’y avait pas d’appareil de mammographie pour dépister ce type de tumeur». Une histoire courte, mais émouvante qui a marqué à jamais celui qui l’avait entendu : Dr. Michel Delabre, le président de l’association Sœurs et frères du Maroc (SFM). A son retour en France, ce médecin radiologue se met à la recherche du précieux appareil par le biais de ses collègues à travers les établissements hospitaliers avant d’en trouver un en très bon état à Bergue. «J’ai très vite annoncé la nouvelle au directeur du Centre hospitalier provincial de Ouarzazate», raconte-t-il. Il ne restait plus à l’association SFM que d’assurer le déplacement du gros appareil jusqu’à sa destination.
Le Croissant-Rouge marocain y a apporté un grand soutien. «C’est grâce à son équipe que le mammographe a été transporté de Casablanca à Ouarzazate», tient à préciser le président de SFM en remerciements au CRM. Tout s’est donc passé comme l’avait tant espéré l’association. L’appareil a été placé au Centre hospitalier provincial (CHP) de Ouarzazate. Et pour que le mammographe puisse être opérationnel, il aura fallu former des techniciens qui sauront l’utiliser. «L’association nous avait envoyé au mois de juin dernier un médecin qui s’est chargé de la formation. Aujourd’hui, nous disposons de cinq techniciens pour ce mammographe», explique le Dr. Rachid Mahi, directeur du CHP-Ouarzazate.
C’est la grande fête ! Mercredi dernier, cet hôpital a, enfin, vu naître l’unité de mammographie. Tous ceux qui avaient contribué de près ou de loin à sa mise en place étaient là, présents et surtout remplis d’enthousiasme. «Je suis avant tout gynécologue obstétricien, alors vous imaginez l’importance que revêt, pour moi, la lutte contre les cancers, dont les femmes sont touchées, en premier lieu celui du sein et du col de l’utérus», déclare Dr. Mahi. Pour le président de l’association SFM, ce jour-là signifiait tout simplement : une mission accomplie. «J’ai senti que je faisais mon travail, puisque je suis médecin et homme», confie le Dr. Delabre sans pour autant cacher sa fierté.
L’initiative de cette association a été saluée par le délégué provincial du ministère de la Santé, Dr. Hussain Moussaid. Ce dernier a profité de l’occasion pour exprimer son souhait de voir se généraliser ce type d’actions afin que les autres hôpitaux de la région en bénéficient également. Il faut dire que cet appareil de mammographie est, en effet, l’unique dans toute la région. En plus de cela, il ne peut fonctionner que grâce à des techniciens formés à son utilisation. Et c’est là où se pose le problème, car à quoi servirait un appareil aussi sophistiqué soit-il s’il ne fonctionne pas ? «On y a pensé. L’hôpital de Bouman ne dispose pas de technicien, mais celui de Tinghir si. Celui-ci a donc le plus de chances de pouvoir bénéficier d’un éventuel second mammographe. Le problème, c’est le radiologue qui n’est pas sur place pour décrypter les examens. Il faudra lui envoyer les résultats après chaque examen, c’est l’unique solution», estime le directeur du CHP. En attendant qu’il y ait du concret de ce côté-là, il faudra penser à bénéficier au maximum de l’appareil de mammographie dont dispose aujourd’hui le CHP de Ouarzazate. « Près de 80 essais ont été effectués. L’hôpital assurera, aussi, l’entretien afin qu’il n’y ait pas de problème», affirme le directeur du centre qui reconnaît, toutefois, ne pas avoir idée, pour l’instant, du coût que cet entretien représentera pour l’hôpital. Juste à titre indicatif, ce responsable souligne que l’entretien du scanner nécessite 40 millions de centimes par an. Comme dans tout hôpital public, les services rendus ne sont pas gratuits (autogestion oblige). La mammographie pourrait coûter 200 dh à la patiente. Pour une province comme Ouarzazate où la population n’est pas aisée, payer équivaut à obstacle. «Il y a le certificat d’indigence qui permet aux malades de se faire soigner gratuitement. C’est le cas de 85% de la population», indique le Dr. Mahi. Dans quelques semaines, une campagne de sensibilisation de dépistage du cancer du sein devrait avoir lieu à Ouarzazate. Une bonne démarche grâce à laquelle, on pourra découvrir des cancers avant qu’il ne soit trop tard. C’est bien de cet espoir là que tout avait commencé.

 

Lorsque amitié devient solidarité

Au départ, il était venu en touriste au Maroc. Ensuite, il s’y est attaché au point de nouer un lien de solidarité nommé : Association Sœurs et frères du Maroc. Laquelle est née en France le 25 janvier 2003 (Journal officiel de la République française). Par ce biais, le Dr. Michel Delabre venait de réaliser un rêve et entamer un dur labeur. Sensible aux besoins en santé des populations enclavées, il se lance dans le combat et relève le défi. Dons de lunettes de vue aux écoliers de Tensift El Haouz, remise de valises d’accouchement et de matériel dentaire au dispensaire de Sidi Rahal, distribution de vêtements dans les douars dans les environs de Sidi Rahal…
Les actions de cette association française se multiplient au fil du temps. La dernière a été celle de la remise de l’appareil de mammographie au centre hospitalier de Ouarzazate. Et l’association continue de se frayer un chemin puisqu’en ce moment, elle est en train d’élaborer d’autres projets encore plus ambitieux. SFM compte réaliser un centre bucco-dentaire à Tidili. Objectifs : apprendre aux élèves des villages les principes d’hygiène buccodentaire et organiser l’accès aux soins dentaires à titre curatif et préventif. «Les autorités locales nous ont apporté une aide précieuse et le ministère de la Santé nous soutient, également. Nous n’attendons plus qu’un crédit pour démarrer la construction du centre», s’impatiente le Dr. Delabre. D’ici la fin de cette année, ce projet se concrétisera. Une association locale pour le développement de l’hygiène bucco-dentaire à Tidili prendra le relais, ensuite, pour veiller à la bonne marche du centre.

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