Culture

Terre des peintres

Aujourd’hui le Maroc : Comment vous est venue l’idée de faire un film sur des peintres marocains ?
Yves de Peretti : A l’origine, c’était une commande. Je ne connaissais pas la peinture marocaine. Une productrice avec qui j’avais l’habitude de travailler m’a proposé de faire un film sur les peintres marocains. J’ai accepté parce que j’avais déjà tourné un film sur Delacroix, et que la peinture m’intéresse beaucoup. Mais ce que la productrice ignorait, c’est que j’ai des attaches particulières avec le Maroc, puisque c’est le pays où mon père est né. Je n’avais jamais visité le Maroc avant de commencer le tournage.
Comment s’est fixé le choix sur quatre peintres ?
Au départ, l’on m’a montré des catalogues. Je me suis ainsi fait une petite culture visuelle en consultant des documents. Je ne voulais pas qu’il y ait trop d’artistes, je voulais que l’on puisse entrer dans des univers. Et puis, il y avait des rencontres. Le choix s’est opéré d’une façon subjective, mais en même temps, je n’ai pas innové. Puisque j’ai filmé Belkahia, Bellamine et Kacimi qui sont parmi les peintres les plus connus au Maroc. J’ai fait une petite entorse aux trois incontournables en ajoutant Khalil El Ghrib. J’ai littéralement eu un coup de foudre pour cet artiste. J’avais lu le livre que Edmond Amran El Maleh a écrit sur lui. J’ai beaucoup aimé. Et j’avais demandé à le rencontrer. Je suis allé à Asilah et j’ai été subjugué par l’homme. Je tenais absolument à ce qu’il fasse partie des peintres filmés. Il y a eu quelques résistances : on m’a dit qu’il n’est pas du même niveau que les autres peintres.
Qu’est-ce que vous avez cherché à montrer dans votre film ?
Je tiens à préciser qu’en tournant un film sur la peinture marocaine ou plutôt sur la rencontre du Maroc à travers la peinture, je ne fais pas de marketing. Je ne dis pas que les artistes sont bons, les autres non ! J’ai essayé de comprendre en quoi il existe un rapport très fort entre le Maroc et la peinture. Ce n’est pas par hasard que les grands peintres comme Delacroix, Matisse et De Staël soient venus ici. C’est que dans la terre, il existe quelque chose de très fort. C’est que j’ai résumé dans le titre du film : « Plus près de la terre». J’ai emprunté cette phrase au peintre Gharbaoui qui dit : «notre peinture est plus près de la terre que celle des autres pays ». Il existe effectivement au Maroc une relation manifeste entre la peinture et la terre…
Vous n’avez pas vraiment cherché à filmer les peintres à l’oeuvre…
Non ! L’idée, c’était qu’ils me montrent un peu les racines de leur travail, et qu’ils m’entraînent dans leurs lieux de prédilection. Le rapport à la terre pour revenir au titre du film, c’est cela la clef de voûte de mon film. Et cette terre m’a amené naturellement vers la question de l’identité marocaine. Est-ce qu’il existe une identité de la peinture marocaine ? Est-ce que cette peinture était porteuse d’un sens qui lui est propre?
Les hommes vous intéressent autant que leurs oeuvres ?
Il faut que l’homme soit derrière l’oeuvre, autrement je ne m’y intéresse pas. Je pense que c’est ce qui rend la personnalité de Khalil El Ghrib très attachante. On sent que l’on ne peut pas appréhender ses oeuvres indépendamment de l’homme. Et puis il y a une cohérence dans tout ce qu’il dit. Ce qui détermine un artiste, c’est la cohérence. Après, il y a des stratégies. Cette cohérence fait souvent atteindre l’artiste à l’humain. Et le documentaire, c’est d’abord les êtres humains. Ce n’est pas la notoriété de quelqu’un. C’est simplement sa capacité dans un film à montrer son humanité.

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