Economie

Derb Milan : les bienfaits de la politique de proximité

© D.R

Des lots des bidonvilles qui encombraient les lieux, il n’en reste que le troisième et dernier lot, bientôt rasé. À la place des deux premiers lots de baraques aussi insalubres que foyers émetteurs de « kamikazes » et autres délinquants, s’érigent fièrement des bâtiments, bon marché certes, mais rendant sa dignité à une modeste population, longtemps victime de l’indifférence des autorités locales et victime de l’hostilité à peine voilée des militants intégristes qui cherchent à étendre leur emprise sur tous les champs de la vie des petites gens. Qui ne connaît pas le légendaire quartier Derb Milan à Casablanca, relevant de la Préfecture Al Fida Derb Soltane, désormais baptisé quartier Omar Ibn Al Khattab? La métamorphose est en phase d’être totale. Les infrastructures structurantes de base, nécessaires à une réelle politique de proximité, sont déjà sur pied. Les services administratifs se sont rapprochés des citoyens par l’édification d’un nouveau local. La sécurité est un impératif amélioré par la construction d’un commissariat au carrefour de la cité. Entre les deux, des aires de jeu pour les différentes activités physiques et de distraction pour les jeunes. Mais en face de l’ensemble, siège fièrement le nouveau complexe social Hay Omar Ibn Al Khattab. Si le temps ne pardonne souvent pas, les choses qui se font sans lui, il peut, parfois, manquer à des gens qui l’ont bien intégré dans leur calcul… Mais à qui il a n’a pas accordé du temps supplémentaire ! Cela a été dit et redit : les attentats de Casablanca, l’émotion qu’ils ont suscitée et l’ampleur de la réaction d’une grande partie de la société marocaine ont créé une situation nouvelle. Et pourtant, la politique de proximité basée sur le renforcement des structures sociales dans les zones les plus défavorisées en application des directives royales était déjà en chantier. Le projet du complexe au quartier Omar Ibn Al Khattab (Commune Urbaine Al Idrissia) a été présenté à SM le Roi lors de sa visite officielle à Casablanca le 07 février 2000. Cette anticipation illustre parfaitement la pertinence de la démarche orientée « quartier » qui est celle de la Préfecture. Généralement, au sein de l’administration marocaine, la mise à niveau y est souvent réduite à des voeux pieux, sans suite aucune. Les maux, tous les maux, y sont concentrés. Une règle à laquelle l’on ne déroge que peu ou pas. Pourtant, des exceptions sont bel et bien là. Le cas de la Préfecture Al Fida Derb Soltane est des plus parlants à cet égard. Une des plus grandes préfectures de la capitale économique du pays, avec tout ce que ce qualificatif recèle de manquements, de manque de moyens, de surpeuplement…Elle n’en connaît pas moins une véritable révolution. Dans les moeurs, les modes de gestion locale, d’approche, proximité, s’entend. Et pour cause, il aura suffi qu’un homme y fasse son introduction, en 2000. Cet homme n’est autre que Aziz Dadas, actuel gouverneur de la préfecture. Le terrain alloué au complexe s’étale sur une superficie de 1600 m2. Au rez-de-chaussée, la cellule d’accueil pour orienter les riverains. Deux bibliothèques avec une capacité d’accueil de 120 étudiants et élèves nécessiteux y sont aménagées. Une salle pour les nouvelles technologies de l’information d’une capacité de 100 bénéficiaires est déjà opérationnelle. L’un des aspects les plus louables de ce projet est l’intérêt spécifique accordé aux handicapés de la cité. Qu’ils soient handicapés moteurs ou encore sourd muets, leurs droits à l’apprentissage sont rétablis. « Ce complexe se veut un espace d’alphabétisation, de cours de soutien, d’initiation au savoir, d’espace artistique, de crèche fonctionnelle prioritairement ouverte aux nécessiteux ainsi qu’un espace santé où tous les bureaux municipaux d’hygiène ont été regroupés avec les spécificités comme le diabète de l’enfant », affirme El Mustapha Sardi, chef de la division sociale de la préfecture, responsable du centre, pour qui le mode de gestion est aussi une première au Maroc. En effet, la Préfecture a tenu à livrer la gestion et l’animation du site au tissu associatif actif dans le quartier. Ainsi, les associations siègent au conseil d’administration du complexe au côté du département social. « En investissant dans les bâtiments, la sécurité, les équipements, la Préfecture a rempli sa part du contrat. Charge actuellement aux autres partenaires de se prendre en main », ajoute le responsable. Autre nouveauté, les médiateurs du complexe, une trentaine, ont été sélectionnés parmi une centaine de fonctionnaires. Le reploiement au sein du Grand Casablanca est aussi en marche. S’il est vrai que la révolution citoyenne est un marathon doublé d’une course d’obstacles, ce genre de pistes pratiques apportent du concret à ceux que les bouleversements qu’a connu notre pays ont contribué à marginaliser !

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