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Casablanca entre architecture et image

© D.R

Le paysage urbain de Casablanca amorce un nouveau conflit entre le cadre bâti architectural et les images exposées par les grands panneaux publicitaires. Deux titans qui se chevauchent impunément sous le regard du citoyen. Le premier se référant à sa légitimité historique et identitaire, le second s’imposant comme acteur indispensable de la nouvelle ère de la communication. Que serait la ville sans référence architecturale ? Que serait-elle sans ses images ? Peut-elle réconcilier ces deux protagonistes ? Le sujet n’est pas exclusivement casablancais, puisque d’autres villes à travers le monde subissent les méfaits de ce phénomène qui s’accentue de plus en plus dans les grandes villes. Plus un espace urbain est chargé de potentiel communicatif, plus son coefficient augmente et attire les publicitaires. Il devient ainsi un lieu de communication acharnée. Les grands écrans urbains new yorkais, en sont un exemple frappant. Quel mal peut-on alors trouver à ce phénomène, s’il agrémente notre quotidien et apaise notre soif d’information ? A priori aucun, on peut même penser que c’est un phénomène naturel et en parfaite harmonie avec le progrès souhaité par tout le monde. Une seconde option met toutefois en évidence quelques aspects néfastes de ce conflit : Au-delà, du sujet véhiculé par le panneau d’affichage, il reste que le cerveau humain est soumis au quotidien à un excès d’information, qui va de la publicité aux évènements régionaux, internationaux et même parfois galactiques.
Cette contrainte mentale d’élargissement du champ de lecture, développe chez le citoyen un système naturel de sélection, justifié par la fatigue et la réceptivité de chacun. Ce système de protection, plus aiguisé chez les habitants des grandes villes, conduit souvent à un état de passivité relative. Les messages urbains de «premier degré», dont l’architecture fait partie, en sont les premières victimes. D’autre part, le droit de regarder des arbres, des bâtiments ou des magasins, sert à établir des repères qui participent à mémoriser le territoire. Ce territoire dont les composantes sont liées au temps, assure l’équilibre de tout individu enfant ou adulte. Par contre l’image qui bouge, et change, s’oublie et participe à rendre notre mémoire plus délébile. Les panneaux d’affichage qui ne respectent pas la sensibilité du paysage, n’ont rien à reprocher aux vendeurs qui étalent leurs produits sur les trottoirs publics. Quand ceux-ci occupent l’espace qui appartient de droit au piéton, ceux-la affichent des images « très » commerciales aux dimensions effarantes et occupent un paysage visuel qui appartient au citoyen.  L’architecture elle-même commence à céder ses parts à la publicité. Quand une marque réalise un bâtiment et prévoit de réserver sa façade à la communication, cela passe encore, mais quand des promoteurs commencent à étudier leurs projets en rentabilisant les façades par ce biais, on touche obligatoirement à des conflits de droit d’un nouveau genre entre acquéreur et promoteur. Enfin, il est à rappeler que notre situation urbaine a une marge de manœuvre considérable si l’on prend en compte le fait que notre pays ne fait qu’entamer son ouverture sur une mondialisation galopante. Les grands ténors de la communication ne font que tâter, pour l’instant, notre réceptivité à leur art. La prise en charge de notre paysage urbain, avec plus d’amour et de sensibilité, nous permettra de gagner un temps précieux dans l’amélioration de notre environnement urbain.

Par Ouadii Soubat
architecte urbaniste

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