Editorial

Éditorial

La libération de Omar Sahraoui, un terroriste sahraoui du Polisario jugé, condamné et emprisonné en Mauritanie, responsable dans les rangs de l’AQMI, en échange des deux otages espagnols, enlevés par cette même organisation, est un précédent sécuritaire très dangereux pour la région. En fait, cela représente une victoire des terroristes sur les Etats de la région. Avec la complicité des Etats européens qui affichent désormais leur disponibilité à traiter, même avec le diable, pour libérer leurs ressortissants pris en otage dans le Sahel. Ils négocient, ils paient et ils obtiennent parfois gain de cause. Cette culture du résultat — libérer coûte que coûte des compatriotes — annihile  tous les savants discours, souvent assez hypocrites, sur la mobilisation générale et la lutte sans merci contre le terrorisme. Ils ne luttent plus, ils paient ! Les Espagnols l’ont fait sagement. Les Français ont essayé tout en trichant un peu.  Il ne serait pas étonnant dans les prochains mois que ce commerce des otages prospère davantage du fait de la consolidation de son modèle économique par les payeurs de rançons. La piste sérieuse de la mobilisation des Etats riverains contre le terrorisme avec le soutien de la communauté internationale a, semble-t-il, été abandonnée à cause des prétentions algériennes dans ce domaine. Ce pays veut jouer les prééminences régionales – un leadership plus fantasmé que réel —  sans en avoir les attributs concrets. Résultat : la mobilisation est impossible.  Des pays comme le Maroc sont exclus des concertations sécuritaires régionales alors qu’ils peuvent apporter beaucoup. L’affaire du Sahara — le vrai accélérateur de l’insécurité dans la région — compte beaucoup dans la balance.  Tindouf, en territoire algérien,  où l’Algérie entretient sa cohorte de mercenaires  séparatistes est devenue la plaque tournante de tous les trafics : otages, armes, drogue, aide internationale, etc. Une zone grise, terra nullius,  s’est ouverte à toutes les formes de criminalités. AQMI y est comme un poisson dans l’eau profitant des accointances tribales, des mafias en place, de la porosité des Etats et de la corruption généralisée. L’affaire Omar Sahraoui est emblématique. Elle démontre à l’évidence que le chemin est très court qui sépare le séparatisme sahraoui fomenté par le pouvoir algérien à la violence terroriste de l’AQMI, une des fameuses créations des généraux d’Alger. Sinon comment on pourrait comprendre que le pouvoir algérien se soit donné tant de mal pour libérer ce Omar Sahraoui. Il fait d’une pierre deux coups. Il récupère un terroriste compromettant. Et, en passant, il fait une faveur aux Espagnols en incluant leurs otages dans la transaction.

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