Editorial

La page est tournée

Le voyage prévu de SM le Roi en Espagne en vue de la commémoration des événements du 11 mars 2004 -les odieux attentats qui ont ensanglanté Madrid- fera partie de ces gestes diplomatiques dont la signification refonde les relations entre les pays.
Le Maroc qui a été, également, frappé dans sa chair par le terrorisme salafiste, criminel et obscurantiste, s’est trouvé, dès l’annonce du drame, naturellement aux côtés de l’Espagne endeuillée, pour lui témoigner sa compassion et sa solidarité.
Par ailleurs, notre pays n’a ménagé aucun effort au plus haut niveau, pour aider, par ses moyens humains et ses ressources, pour soutenir d’une manière effective et opérationnelle les enquêteurs espagnols afin de les aider à démêler l’écheveau de cette affaire qui a mis en cause la responsabilité de plusieurs Marocains résidents -souvent de longue date et régulièrement- en Espagne.
Les services de sécurité des deux pays ont rapidement retrouvé les réflexes de coopération et d’entraide qu’ils ont toujours eus, car, il faut bien le reconnaître, la dégradation des relations politiques, du fait de l’attitude du gouvernement Aznar à l’égard de notre pays a rendu leur travail plus problématique.
Il faut se souvenir qu’avant les attentats de Madrid, et malgré les mises en garde des services de sécurité marocains, toute l’énergie du gouvernement de José Maria Aznar était détournée de l’essentiel et absorbée par une mobilisation stérile imposée aux services espagnols et à une bonne frange des médias contre le Maroc, vis-à-vis duquel il était prêt à entreprendre une guerre d’un autre âge.
Dans une tribune publiée par un intellectuel espagnol, Eduardo Nolla, la semaine dernière, dans le Wall Street journal, il est admis que la coopération dans la lutte anti-terroriste ne pouvait être parfaite alors que les deux pays étaient au bord de la guerre en juillet 2002 au sujet de l’ÃŽlot Leila. Mais, à la différence de M. Eduardo Nolla, nous, nous faisons assumer la responsabilité de ce gâchis à M. Aznar, personnellement. Aujourd’hui, c’est ce refus de personnalisation, et par voie de conséquence, de responsabilisation, et le dévoiement politicien et partisan du drame, qui ont limité la portée des conclusions de la Commission d’enquête espagnole sur les attentats du 11 mars.
L’analyse sociologique des origines des terroristes du 11 mars ou leur nationalité d’origine ne peuvent servir sérieusement de levier pour stigmatiser un pays comme le Maroc, dont, par ailleurs, les ressortissants sont en permanence en butte au racisme tel qu’il a été banalisé et instrumentalisé sous le gouvernement de José Maria Aznar.
Le 11 mars ne peut se comprendre – si toutefois un acte terroriste et criminel pouvait l’être – que dans la mise en perspective de deux faits majeurs dont sont responsables Aznar et son parti : l’aventure irakienne rejetée majoritairement par l’opinion publique espagnole et la xénophobie anti-arabe dont le Maroc et ses ressortissants ont fait, passablement, les frais. C’est de la conjonction de ces facteurs que s’est nourri l’acte criminel.
Maintenant, cette sombre page de notre histoire commune est tournée. Et José Maria Aznar a été battu aux élections parce qu’il a voulu, hasardeusement, faire assumer la responsabilité des attentats aux séparatistes basques y compris en «avilissant» les médias de son pays. Désormais, l’avenir nous appartient et, justement, cette Espagne ouverte moderne et généreuse que nous aimons continuera à faire partie de notre avenir.

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