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Abdelmoula Abdelmoumni : «Nous sommes décidés à récupérer les fonds soustraits frauduleusement»

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ALM : Quelles sont vos priorités en tant que nouveau président de la MGPAP?
Abdelmoula Abdelmoumni: Une fois élu à la tête de la Mutuelle Générale, j’ai décidé de procéder à un diagnostic des problèmes que connaît la Mutuelle. Nous avons réalisé, ainsi, un état des lieux. Nous avons effectué dans ce sens des réunions avec les responsables de la Mutuelle, les cadres, les syndicats ainsi que les représentants des salariés. Nous étions convaincus qu’on ne pouvait établir un état des lieux sans consulter ces parties. Les conclusions préliminaires de notre diagnostic ont montré que la MGPAP connaît une crise profonde. Une crise qui nécessite une intervention rapide et c’est à partir de là que nous avons déterminé nos priorités. Nous avons jugé nécessaire de revenir au conseil d’administration, car c’est lui qui prend les décisions. C’est ainsi que nous avons réuni ce conseil le 11 septembre. Dans le cadre de cette réunion, nous avons fait des exposés afin de mettre le conseil au courant des problèmes que connaît la Mutuelle Générale. Nous avons également remis aux membres du conseil un rapport de près de 300 pages qui contient les détails des exposés et les PV des réunions du bureau. A l’issue de cette réunion et après un large débat, les membres du conseil ont adopté à l’unanimité un plan d’urgence visant à remettre l’institution sur les rails et liquider le passif des dossiers de maladie accumulés en perspective d’une stratégie globale contenant les priorités de moyen et long termes.

En quoi consiste votre plan d’urgence?
Le conseil d’administration a recommandé tout d’abord de procéder à un audit des comptes de la Mutuelle Générale. En fait, nos investigations ont permis de constater que le représentant de l’Etat n’a pas assisté à la commission du contrôle chargée de la fiabilité des comptes pour l’élaboration des bilans financiers des années 2004 et 2005. Ainsi, on ne pouvait pas déterminer le degré de crédibilité de ces bilans. Les bilans des années 2006, 2007 et 2008, pour leur part, ne sont pas encore prêts. Le conseil a également recommandé un audit des systèmes d’information pour lesquels la Mutuelle Générale avait engagé une enveloppe de 4 milliards de centimes, alors que 70% de ces systèmes sont inopérationnels. Il est également question de procéder à un audit des ressources humaines. La masse salariale coûte à la Mutuelle 55% de ses recettes, alors que normalement, elle ne doit pas dépasser 7 à 13%. En plus nous avons constaté que les profils de plusieurs salariés ne correspondent pas aux fonctions de la Mutuelle. Il a été également décidé de mettre en œuvre la loi des marchés appliquée par la CNOPS et les autres Mutuelles en l’attente de l’élaboration d’un système spécifique à la MGPAP. L’objectif de ces démarches étant de rendre confiance aux adhérents. Et nous sommes contents de voir plusieurs personnes inscrites à la Mutuelle Générale satisfaites de notre rendement.

Qu’en est-il des problèmes de la Mutuelle avec la CNOPS?
Nous avons décidé dès le premier jour d’ouvrir une nouvelle page avec la CNOPS. Nous sommes porteurs d’une nouvelle vision qui rompt avec les pratiques du passé. Nous avons tenu des réunions avec les responsables de la CNOPS et je vous garantis que nous avons résolu 80% des problèmes avec la CNOPS à travers la mise en place de quatre commissions mixtes. En réalité il faut enregistrer avec satisfaction la disponibilité et la collaboration du staff et du personnel de la CNOPS.

Quels sont les défis qui se présentent devant le nouveau bureau de la MGPAP?
Les défis qui se présentent devant la Mutuelle Générale sont d’ordre juridique, financier et de gestion. Concernant le volet juridique, il est question d’adapter le statut de la Mutuelle Générale aux dispositions de la loi 65.00 sur la couverture médicale (AMO). Nous sommes les seuls à ne pas le faire jusqu’à présent. Il a été décidé également d’adopter un règlement spécifique aux commissions, en plus de la loi régissant les marchés susmentionnés. Concernant le volet financier, il faut dire que les finances de la Mutuelle Générale sont très fragiles. Comme je viens de le préciser, 55% des recettes sont destinés au payement des salaires du personnel. A l’heure actuelle, on ne fait que jongler entre les différentes dépenses. Nous avons demandé récemment à la CNOPS la récupération de certaines sommes d’argent qui vont nous permettre de liquider plusieurs dossiers en instance. S’agissant enfin du volet gestion, il faut rappeler que plusieurs problèmes liés à la mauvaise gestion ont pendant longtemps sévi à la Mutuelle.

Le nouveau bureau a également décidé de porter plainte contre le président sortant de la Mutuelle. En quoi consiste cette démarche?
Pour l’instant nous n’avons pas encore entamé une démarche dans ce sens. Conformément aux recommandations du nouveau conseil d’administration, nous sommes décidés à récupérer les fonds soustraits frauduleusement, mais il faut attendre le résultat des audits pour déterminer les responsabilités des uns et des autres.


Un plan d’urgence pour rétablir les équilibres financiers

Le conseil d’administration de la Mutuelle générale du personnel des administrations publiques (MGPAP) a approuvé, lors de sa réunion en date du vendredi 11 septembre, à l’unanimité, un plan d’urgence pour rétablir les équilibres financiers de cette institution et liquider le passif des dossiers de maladie. Le conseil a examiné, à cette occasion, la situation difficile que traverse cette institution ainsi que les moyens susceptibles de rétablir ses équilibres financiers, soulignant la nécessité d’adopter un nouveau plan structurel pour améliorer la gestion de la mutuelle, indique un communiqué de la MGPAP. S’agissant des dossiers de maladie, le conseil a appelé à doter les services concernés des ressources humaines et financières à même de rattraper ces retards, ajoute la même source. Le communiqué rappelle, dans ce cadre, les réunions tenues à cet effet avec les ministères de l’Emploi et des Finances et la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS). Le conseil d’administration a également souligné la nécessité de renforcer les relations de la mutuelle avec l’autorité de tutelle et ses partenaires pour la mise en œuvre du Code de couverture médicale de base, afin de servir au mieux les intérêts de plus de 350.000 adhérents et d’un million de bénéficiaires, notamment les orphelins, les veuves, les retraités et les personnes à besoins spécifiques. Le conseil a approuvé, par ailleurs, à l’unanimité l’ensemble des recommandations soumises par le bureau administratif visant un retour à la normale de la situation administrative et financière de l’institution.

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