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Abouyoub sert la soupe à Alger

Le report sine die du VIIe Conseil de la présidence de l’Union du Maghreb arabe (UMA) qui devait avoir lieu à Tripoli le 26 mai a montré à l’évidence que sans une véritable entente politique, il est impossible d’avancer dans la construction maghrébine.
Le politique est donc préalable à toute initiative d’intégration qu’elle soit d’ordre économique, social ou culturel. Ce qui est évident et clair. Car, comment un pays peut-il accepter de développer des liens économiques et culturels avec un Etat qui soutient financièrement, militairement et diplomatiquement une entité qu’il a lui-même créée afin de le déstabiliser et de provoquer une sécession d’une région de son territoire ?
C’est pour cette raison qu’il est impossible de concrétiser le rêve maghrébin tant que l’Algérie continuera à abriter sur son territoire et à soutenir une entité séparatiste qui maintient en détention plus de quatre cents prisonniers marocains, qui prive des milliers de Marocains de leur droit à la libre circulation, et qui menace publiquement le Royaume d’agression militaire à partir du territoire algérien.
Toutefois, d’aucuns continuent à penser qu’il est possible
d’ignorer ou d’ajourner le débat sur les relations politiques et avancer dans le processus d’intégration économique. Cette thèse a été développée par le président algérien, Abdelaziz Bouteflika qui ne cesse de répéter que la question du Sahara marocain ne devrait pas être un obstacle à la réalisation du Grand Maghreb arabe qui pourrait avancer sur les questions économiques et ajourner le volet politique jusqu’à ce qu’il soit résolu dans le cadre de l’ONU. "Avançons dans l’intégration économique et le politique viendra tout seul", disent les défenseurs de l’approche de Bouteflika. Ce qui est tout à fait aberrant car on ne peut coopérer économiquement avec celui qui abrite ses ennemis. La théorie de "l’économique d’abord" a été adoptée -ce qui est évident- par les hommes d’affaires algériens qui en ont fait leur cheval de bataille ces derniers mois. Il faut dire que leur position est compréhensible étant donné qu’ils sont conscients de la nécessité stratégique pour eux de tisser de bonnes relations économiques avec leurs homologues marocains.
Mais, ce qu’il est difficile de comprendre c’est que des personnalités politiques nationales se soient transformées en adeptes convaincus de la position de Bouteflika au point d’aller jusqu’en Algérie pour la défendre.
C’est le cas de l’ancien ministre du Commerce extérieur et ex-ambassadeur du Maroc à Paris, Hassan Abouyoub. Invité à participer, le 20 mai, au 4ème symposium d’El Oued en Algérie, il a fait un exposé sur la question de la coopération maghrébine qui a été jugé "brillant" par le journal algérien "El Moudjahid". Comment pouvait-il ne pas l’être sachant que l’ex-commis de l’Etat s’est aligné sur la position du président algérien concernant l’affaire du Sahara et le Maghreb?
Dans son intervention, l’ancien ministre marocain a souligné que la question du Sahara marocain n’est pas un obstacle à l’édification de l’Union du Maghreb arabe. Pour l’ex-ambassadeur du Maroc à Paris, la cause nationale devrait être "mise de côté".
Intervenant lors de ce symposium considéré par les médias algériens comme le "Davos de l’Algérie" l’ex-diplomate marocain a indiqué qu’il était "impossible de créer des alliances, sous des régimes qui ne se font pas confiance les uns les autres". Il est évident qu’il se réfère ainsi au Maroc et à l’Algérie étant donné que c’est les deux pays dont les relations se caractérisent par le manque de confiance. Mais, M. Abouyoub parle de "régimes" qui ne se font pas confiance. Il tient là un langage qui n’est pas digne d’un ex-diplomate. Car, on ne parle pas, dans le cas marocain, du "régime marocain", mais de "l’Etat marocain". Ensuite, l’ancien ministre explique que, pour lui, "les tentatives d’unification des pays maghrébins ont échoué à cause des régimes en place, des régimes qui restent déconnectés de la réalité, qui veulent travailler seuls". M. Abouyoub ne fait pas ici de distinction entre ce qu’il appelle "les régimes en place". Pour lui, ces "régimes sont donc sans exception déconnectés de la réalité. Mais, il ne s’arrête pas là. Dans son exposé qu’il a prononcé devant un parterre de responsables politiques et d’hommes d’affaires algériens et en présence de l’ambassadeur du Royaume à Alger, il a indiqué que parmi le principal obstacle à l’édification du Maghreb arabe uni est "l’absence de l’Etat de droit et d’un débat qui appuierait ce processus".
Et pour conclure, l’ancien ministre marocain a souligné que "l’option économique est la seule alternative au Maghreb" et que "la question du Sahara ne constitue pas un obstacle à l’union économique et il faut la mettre de côté et éviter de s’en servir comme un argument à chaque fois".
Ainsi, M. Abouyoub s’érige en fervent défenseur de la position algérienne sur la question du Sahara et le Maghreb.

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