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Ahmed Harakat : «Nous revendiquons la mise à niveau du secteur du transport tout entier»

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ALM : Pourquoi menez-vous ce mouvement de grève ?
Ahmed Harakat : Pour comprendre les raisons de ce nouveau débrayage, il faudra le situer dans son contexte historique. En tant que syndicats qui militent pour la réalisation des revendications des professionnels du secteur du transport, nous avons organisé notre première grève en 2007 du temps du gouvernement Driss Jettou. C’était une grève de quatre jours observée par dix-huit organisations. Nous disions à l’époque que l’entrée en vigueur du nouveau Code de la route doit être conditionnée par la réalisation des revendications des professionnels du transport en ce qui concerne le volet social, à savoir la couverture sociale, l’assurance-maladie ainsi que la mise à niveau du secteur tout entier. A l’époque, le wali de la région du Grand Casablanca, Mohamed Kabbaj, est intervenu au nom du gouvernement pour apaiser la tension. Il nous a promis que toutes les revendications des employés de ce secteur allaient être réalisées. Nous avons également rencontré Driss Jettou et des commissions relevant de plusieurs secteurs gouvernementaux ont été mises en place pour traiter nos revendications. Deux ans après, du temps du gouvernement Abbas El Fassi, nous avons constaté que rien n’a été fait d’où notre deuxième grand débrayage de 2009 qui a duré près de onze jours. Aujourd’hui encore et à quelques jours seulement de l’entrée en vigueur du nouveau Code de la route, nous estimons que rien n’a encore été fait.

Quelles sont vos prévisions par rapport à cette grève ?
A l’issue des trois réunions que nous avons tenues dans le cadre de notre syndicat, pas moins de quatre mille chauffeurs de véhicules de différentes natures se sont engagés à réussir le débrayage. Ainsi, 600 camions-remorques du transport du gaz de la ville de Mohammedia participeront à cette grève, tous les autocars de transport des voyageurs de la station Oulad Zyane, tous les camions de transport du port de Casablanca, un bureau régional de la CTM et plus de 600 petits et grands taxis. Notre point de départ sera la station de Oulad Zyane à destination du siège de la Primature.

Que reprochez-vous au ministre de l’Equipement et du Transport ?
Il faut rappeler que nous avons annoncé notre intention d’organiser une grève le mois de juillet dernier. Nous avons jugé opportun d’accorder un temps raisonnable au ministère de tutelle pour examiner nos revendications. Et ce n’est que le jeudi 9 septembre que le ministre s’est réuni avec nous. Nous étions tellement déçus du fait que nos revendications n’ont pas été prises en considération. Nous avons exprimé au ministre notre contestation dans ce sens, chose qui ne lui a pas plu. C’est ainsi qu’il a interrompu la réunion et nous a menacés d’un ton que nous jugeons incompatible avec la mission qu’il accomplit.

Que dites-vous à propos des dispositions du nouveau Code de la route ?
Nous avons présenté, dans le cadre de nos réunions avec le ministre du Transport Karim Ghellab, quatre-vingt six amendements au nouveau code que nous estimons être pertinent. En plus, nous disons que l’entrée en vigueur de ce nouveau code est liée à l’adoption de plusieurs décrets d’application. Nous estimons, par exemple, que le montant des amendes doit être raisonnable. En plus, il faudra mettre en place un système de pointage automatique avec des caméras installées sur les routes pour éviter un éventuel arbitraire des agents de police. Il faudra également améliorer l’état de l’infrastructure routière, en réservant un petit passage aux vélos et aux vélomoteurs et en délimitant clairement les passages piétons.

Ne pensez-vous pas que l’entrée en vigueur du nouveau Code de la route permettra de remédier au problème des accidents de la route ?
Nous ne sommes nullement contre le nouveau code, mais cette nouvelle loi doit être accompagnée par la mise à niveau du secteur sur tous les plans. Chacun sait que les accidents de la route sont dus essentiellement à trois facteurs, l’état de la route, l’engin et le conducteur. L’état catastrophique de l’infrastructure routière au Maroc n’est plus à démontrer. Concernant les engins, je cite l’exemple des grands taxis qui circulent partout à travers le Royaume. Il s’agit de voitures de marque Mercedès 240 ou 200 qui datent des années 80. Ceci en dit long sur l’état de ces véhicules. Pour ce qui est du troisième facteur, chacun sait qu’il n’y a pas encore au Maroc de système légal qui fixe les heures de travail des chauffeurs. Ces derniers, harcelés par leurs employeurs, se trouvent des fois contraints de travailler des heures durant. Ce sont là quelques exemples de problèmes qui provoquent les accidents de la route. Je me demande que prévoit le nouveau Code de la route à leur égard?!

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