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Alger perd les pédales

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Un mois, jour pour jour, après la publication d’un communiqué du Parti Libéral réformateur (PLR) annonçant son intention de revendiquer la marocanité de certains territoires qui sont, selon ses responsables, occupés par l’Algérie, le gouvernement algérien vient de réagir officiellement en convoquant l’ambassadeur marocain dans ce pays. Ainsi, selon l’agence de presse algérienne APS, qui cite un communiqué officiel, l’ambassadeur du Royaume du Maroc à Alger a été reçu, lundi, au siège du ministère algérien des Affaires étrangères, où des « explications lui ont été demandées au sujet d’informations faisant état de prétendus droits territoriaux du Maroc ». Mohammed Saïd Benryane aurait ainsi été appelé à donner des explications sur un communiqué rendu public par un parti politique et qui n’engage aucunement les instances officielles. Rappelons que le Parti Libéral Réformateur (PLR) avait annoncé dans un communiqué rendu public le 3 octobre dernier son intention de créer un Front de Libération de l’Algérie Marocaine (FLAM). Pour le président de cette formation politique, « les gouvernements qui se sont succédés au Maroc, ont été incapables de résoudre le problème de nos provinces du Sud et de nos territoires actuellement occupés par l’Algérie ». Dans son communiqué, il avait annoncé que le front dont il avait annoncé la création avait l’intention de revendiquer environ 900.000 km2 en Algérie, soit 38 % de son territoire. Le président du PLR avait par ailleurs annoncé que le « FLAM compte organiser une Marche Blanche vers Tindouf pour délivrer les Marocains qui y sont séquestrés ». C’est en réaction à ce communiqué que le gouvernement algérien a donc pris la décision de convoquer l’ambassadeur marocain pour lui demander des explications. Une réaction disproportionnée. C’est le moins que l’on puisse dire face à un tel comportement. Car, comment un gouvernement aussi bien informé sur les formations politiques marocaines que celui d’Alger peut-il incriminer le Maroc sur une position d’un parti qui n’engage aucunement la responsabilité du gouvernement ? La réaction algérienne aurait peut-être été compréhensible si cette position émanait d’un organe officiel de l’Etat ou d’une formation politique faisant partie de la majorité gouvernementale. Or, le PLR n’est même pas représenté au Parlement. Mais, faudra-t-il aussi rappeler au gouvernement algérien que le point de vue du PLR relève de sa souveraineté au moment d’adopter des positions politiques conformément au principe de la liberté d’expression. Une attitude qui rappelle celle adoptée, en mars 2001, par le gouvernement espagnol suite à la publication par le quotidien arabophone Al Alam d’un éditorial sur le mouvement indépendantiste basque. Josep Piqué, alors ministre espagnol des Affaires étrangères, avait protesté auprès du gouvernement marocain. Toutefois, les autorités algériennes qui connaissent bien le paysage politique marocain ne seraient pas allées jusqu’à faire usage d’une procédure de protestation diplomatique que celle de la convocation de l’ambassadeur au ministère des Affaires étrangères s’il n’y avait un autre objectif outre la demande d’explications. D’ailleurs, le timing choisi pour cette réaction est une donnée à prendre en considération au moment d’analyser les motivations algériennes. Car, pourquoi attendre un mois avant de passer à l’acte ? L’explication semble évidente si l’on tient compte du fait que ce n’est qu’au lendemain de l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution prorogeant le mandat de la MINURSO et excluant toute solution à la question du Sahara qui ne soit pas acceptée par le Maroc. La diplomatie algérienne a donc subi un autre revers qu’elle peine à accepter. D’où la stratégie de contre-attaquer en accusant le Maroc, une nouvelle fois, d’avoir des visées expansionnistes dans la région. D’ailleurs, les articles oubliés par la presse algérienne à propos du communiqué du PLR au même moment choisi par le ministère algérien des Affaires étrangères pour convoquer l’ambassadeur marocain est une preuve irréfutable qu’il s’agit d’une opération de désinformation orchestrée par les autorités algériennes. C’est le cas du quotidien d’Oran qui a accusé le Maroc d’avoir des ambitions expansionnistes dans un article intitulé « le Maroc retrouve son expansionnisme ». Un article dont l’auteur fait preuve d’une ignorance totale de la question du Sahara et de la situation dans la région maghrébine. Enfin, la convocation de M. Benryane n’est certainement qu’un premier pas dans une opération de désinformation que le gouvernement algérien serait sur le point de lancer afin de conduire la région vers une escalade diplomatique. Une stratégie qu’Alger a toujours utilisée à l’occasion de chaque revers subi par sa diplomatie sur la question du Sahara marocain.

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