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Cadrage : Le front du refus

Les mouvements d’Annahj Addimoukrati et du Parti d’avant-garde démocratique socialiste sont les deux principales formations politiques qui proclament leur non-participation aux élections législatives du 27 septembre. Cette position ne se veut pas seulement passive et indifférente. Elle est manifestée par une campagne, quoique limitée et modeste en termes de couverture géographique, qui appelle les électeurs au boycott.
Dans l’historique des deux organisations et le référentiel idéologique qui est le leur, une telle position n’a rien de surprenant. Même si, au départ, chacune d’elle a bâti ses positions sur des motivations sensiblement différentes, elles sont actuellement dans une phase de coordination et de rapprochement, notamment envers le processus électoral en cours et la question de la transition démocratique.
Ainsi, les deux formations estiment que les conditions de déroulement d’une consultation transparente et réellement représentative ne sont pas réunies, et que pour ce faire elles devaient être précédées par un certain nombre de mesures, dont la plus significative, aux yeux des animateurs de ces deux courants, est certainement celle qui fait référence à la réforme de la constitution comme préalable à des élections jugées valides.
Certes, il est tout à fait légitime et justifié de considérer que le processus démocratique en cours au Maroc, compte tenu d’un certain nombre de pesanteurs historiques et sociologiques, est perfectible et qu’il nécessite une série de réaménagements réclamés, d’ailleurs, par la plupart des forces politiques et des acteurs de la société civile nationaux.
Ces réaménagements concernent à la fois la représentativité de la femme et des jeunes, le droit à l’expression électorale de la communauté marocaine expatriée, la favorisant d’une véritable démocratie locale, le renforcement des pouvoirs des collectivités territoriales, etc. Ils pourraient également porter sur le renforcement des garanties et des mesures à même d’assurer des élections honnêtes, transparentes et non entachées ni par des irrégularités de quelque origine qu’elle soit, ni par les diverses formes de corruption décriées encore de nos jours, à l’occasion de la présente campagne électorale. Mais, l’attitude radicale du Pads et d’Ennahj pose la question fondamentale de savoir dans quelle mesure ces positions de refus peuvent réellement faire avancer la cause de la démocratie dans notre pays.
Il est vrai que la logique progressive, évolutive, consensuelle parfois, en matière d’édification d’une démocratie semble souvent trop lente, aléatoire et parfois agaçante lorsque ses résultats se font trop attendre.
Mais, par ailleurs, la volonté de tout changer en même temps et immédiatement recouvre une autre manière de penser et une autre logique dans le regard porté sur les lieux de pouvoir et la légitimité des instances qui en tiennent les rênes. Et là, on se retrouve de plain-pied dans une pensée qui, en définitive, ne croit pas du tout à la possibilité de changer les choses au moyen des élections. Et c’est en cela que le Pads et Annahj convergent, paradoxalement, avec d’autres courants doctrinaires, tel celui d’Al Adl Wal Ihsane, qui se situent en dehors du processus démocratique en cours. Est-ce qu’ils assument pour autant ce cousinage ? Là est la question.

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