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«Combattre le nihilisme»

© D.R

ALM : Quel jugement portez-vous sur les derniers événements de Casablanca et le démantèlement de plusieurs cellules terroristes ?
Abdelkébir Tabih : Je l’avais déjà souligné à maintes reprises, il ne s’agit pas uniquement d’actes criminels engendrés, comme certains veulent nous pousser à le croire, par une conjoncture sociale connue de tout le monde. Il y a aussi un discours politique et religieux qui joue un dangereux rôle de détonateur et de déclencheur de cette folie meurtrière. Pour l’instant, et il est triste de le constater, tout le monde s’intéresse auxdites conditions économiques et sociales et on semble avoir oublié les effets de discours politiques qui façonnent l’opinion publique et participent aux dérives que l’on constate et pas uniquement depuis le 16 mai 2003. Avec des jeunes de 18 ans qui s’abreuvent des discours incendiaires de prêcheurs qui remettent tout en cause et qui ne reconnaissent la moindre évolution, on ne peut qu’escompter ce qui est en train d’arriver actuellement. Les intellectuels ne jouent pas leur rôle qui consiste, entre autres, à défendre le changement et l’évolution, mais aussi à combattre les nihilismes. Les universités, malheureusement, sont restées, et depuis longtemps, à l’écart de toute évolution. Les services de sécurité et la justice font leur travail, mais cela ne suffit toujours pas pour immuniser notre pays. L’approche sécuritaire gagnerait à être accompagnée par plus d’efforts de sensibilisation et c’est le rôle qui échoit à tout le monde.

On reproche également aux partis politiques de ne pas jouer pleinement leur rôle. Actuellement, on a l’impression qu’ils sont plutôt occupés par les élections que par autre chose. Qu’en pensez-vous ?
C’est une dangereuse chose que de généraliser ce constat à tous les intervenants politiques. On essaie de faire oublier aux gens qu’il y a d’authentiques partis politiques et de simples officines. Je tiens aussi à souligner, à l’attention des hérauts de ce genre de thèses, que les vrais partis politiques ont été empêchés de jouer pleinement leur rôle dans les années 1960, 1970 et 1980. Aujourd’hui, on leur reproche de ne pas avoir fait ou de mal faire leur travail pour l’encadrement des populations. C’est, en quelque sorte, un grand héritage que nous sommes appelés à gérer aujourd’hui. Nous avons une trentaine de partis, mais c’est hasardeux de leur faire endosser toute la responsabilité.

A l’USFP, par exemple, vous retenez la lutte contre le terrorisme comme élément de votre programme électoral. Quelles en sont les grandes lignes ?
Notre action s’intéresse à tous les phénomènes de société et non pas uniquement au terrorisme. C’est un phénomène qui durera le temps nécessaire, mais qui finira par être anéanti. Notre souci en général, en tant que parti politique, est de contribuer au développement du pays et à l’aboutissement de mille et un projets et chantiers décisifs. Le terrorisme est là, mais il y a d’autres soucis plus grands.

De nouveau des voix s’élèvent pour remettre en cause le travail des services de sécurité et de l’appareil judiciaire. Qu’est-ce que cela inspire à l’avocat que vous êtes ?
Il faut éviter d’éclabousser les efforts déployés par les services de sécurité et par la justice. Lorsqu’il y a un vice de forme, non-respect de la détention préventive par exemple, il faut le poser devant les juges qui sont les mieux habilités à prendre les décisions qui s’imposent et non devant la presse. Pour moi, agir de telle sorte, équivaut à une sorte de déformation professionnelle et cela ne sert en rien la justice qui, de l’avis de tout le monde, a connu une évolution considérable ces dernières années et qui continue à se moderniser.

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