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Éditorial : Ce n’est pas responsable

La déclaration du juge espagnol Baltasar Garzon, selon laquelle le Maroc abrite entre 900 et 1000 kamikazes potentiels et qu’il représente de ce fait la pire menace pour l’Europe, n’est pas responsable.
D’abord, l’intéressé, qui témoignait devant la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de Madrid, n’a pas, étant donné son statut de magistrat de premier plan, à donner des chiffres aussi fantaisistes sur un pays souverain et qui de surcroît n’ont réussi qu’à semer la confusion et à stigmatiser la nation visée. Ensuite, il est difficile pour ne pas dire impossible de connaître avec précision et à l’avance le nombre des terroristes qui projettent de se faire exploser au Maroc et ailleurs. C’est quelque chose que personne ne maîtrise. Alors pourquoi M. Garzon s’est-il lancé dans cet exercice douteux et d’où tient-il ses statistiques ? Certes, il peut toujours rétorquer qu’il s’agit de chiffres rapportés du Maroc ( et qu’il n’a pas inventés) dans le cadre de sa commission rogatoire en liaison avec les attentats de Madrid. Mais on ne répète pas publiquement des choses qui sont impossibles à vérifier surtout lorsqu’on est homme de loi et de droit. M. Garzon, apparemment très perspicace sur le sujet du terrorisme au Maroc, doit pouvoir nous livrer le nombre exact des candidats au suicide en Espagne, en France, en Allemagne et aux Etats-Unis…
M. Garzon a tenté de se rattraper le lendemain de sa malheureuse déclaration en louant les efforts “impressionnants “de Rabat en matière de la lutte antiterroriste. Souffler le chaud et le froid n’est pas non plus une attitude responsable lorsque le mal est fait.
Le propos de M. Garzon n’a servi qu’à susciter une polémique de mauvais aloi sur un dossier pourtant très sérieux et sensible qu’il importe de manier avec beaucoup de délicatesse. Si M. Garzon a des comptes à régler dans son propre pays ou veut se faire remarquer, il n’a pas à le faire au détriment des intérêts du Maroc.
Le terrorisme ne se combat pas avec des lettres et des chiffres sensationnels. C’est un phénomène dont la lutte demande une vigilance de tous les instants et surtout une coopération internationale accrue et efficace. Le Maroc, qui fait ce qu’il peut pour affronter ce danger permanent qui menace la sécurité des personnes et des États, a ouvert ses portes à M. Garzon dans une logique de collaboration pleine et entière entre Rabat et Madrid dans ce domaine. Mais force est de constater que les autorités marocaines n’ont pas communiqué officiellement sur l’arrivée de M. Garzon au pays. On ne sait pas à l’heure qu’il est quels étaient ses interlocuteurs locaux, les personnes qu’il a rencontrées et les endroits qu’il a visités. L’information était tenue secrète jusqu’au bout comme s’il s’agissait d’un secret d’État qui ne devait pas être rendu public.
Ce n’est qu’à la faveur du scandale suscité par ses déclarations que l’opinion publique a appris qu’il avait séjourné au Maroc. Ce genre de cachotterie n’a plus lieu d’être surtout que le Royaume a fait le choix de la transparence et de l’ouverture.

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