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Éditorial : défaillances

© D.R

On aura tout vu au port de Casablanca. Espadrilles échangées contre des babouches. Tissus noble répertorié comme des doublures de pantalon. Transitaires dédouanant eux-mêmes leurs marchandises, en choisissant le jour, l’inspecteur et l’agent. Mais jamais,  de mémoire de douanier, on n’ a vu des  conteneurs  sortir du port de Casablanca avec une aussi déconcertante facilité.  Que s’est-il donc passé réellement ? L’affaire est suffisamment grave pour que la police judiciaire et les tribunaux s’en mêlent. Pour que la communauté des affaires, celle-là même qui avait applaudi quand le directeur général s’est engagé à réduire les délais de dédouanement,  en soit alarmée. Et pour que les   importateurs s’en inquiètent.  Eux qui pensaient qu’avec les normes ISPS code, le port et les entrepôts de la douane sont devenus plus  sûrs. Ils ont sûrement déchanté.
Comment plusieurs conteneurs sont arrivés à sortir du port aussi facilement ? Que reste-t-il donc du principe de la déclaration en circuit fermé ?
N’importe quel transitaire vous le dira, sortir légalement un conteneur du port relève d’un parcours du combattant.
Entre une foultitude de documents (engagement d’importation, facture fourniture) et de nombreuse démarches (pesage de la marchandise auprès de l’ODEP), la déclaration provisoire à fournir, puis la déclaration définitive, la falsification est normalement vite découverte. D’autant que le bon de sortie ou main levée ne s’obtient qu’après le prélèvement d’échantillon, l’attestation de conformité et la liquidation des montants des droits de douane.
Y’aurait-il eu donc d’autres circuits de dédouanement suffisamment bien organisés pour déjouer les fichiers électroniques de l’ADII ?  Jusque-là, de telles crises ont toujours abouti à la désignation d’un bouc émissaire. Cas récemment de la  suspension d’un agent de brigade dédié à l’opération d’acheminement alors que le transitaire concerné est, lui, sorti indemne d’une affaire où pourtant il était le premier concerné.
En expédiant à la hâte ces dossiers, la direction de la douane se prive, et nombreux sont les observateurs qui pensent ainsi, d’un diagnostic devenu nécessaire. Les affectations et relèvement de cadres, devenus fréquents, ne feront qu’accentuer le malaise. Il est temps de voir les choses en face. Avec 40 à 50 dossiers par jour, les inspecteurs chargés de dédouanement sont à la merci de l’erreur. Et quand il y a erreur, les lourdeurs administratives s’y mêlent : il faut 15 jours pour découvrir la faille. Voilà quelques unes des failles à l’origine de certains dysfonctionnements. A l’heure où le grand marché de l’aménagement de la Direction régionale de Casablanca se poursuit, le temps n’est-il pas venu de revoir tout le circuit de dédouanement du plus grand port du Maroc ?

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