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Éditorial : Difficilement digérable

© D.R

L’affaire du vol et de recel d’une partie de la vaisselle royale ne fait que commencer. La justice qui s’est emparée du dossier dira son mot en toute sérénité. Victime de cette opération, le Palais Royal a annoncé en début de semaine  sa décision de ne pas se constituer partie civile.  Histoire d’éviter probablement que les mauvaises langues disent que le procès est une parodie de justice. 
En attendant l’ouverture des poursuites judiciaires, l’opinion publique nationale, entre surprise et incrédulité, continue à s’intéresser à cette histoire tout en observant cependant que les opérations de détournements dans les Palais royaux sont devenues récurrentes ces derniers temps et certains journaux en font même leurs choux gras. Comment se fait-il que les serviteurs des demeures royales se permettent-ils de basculer dans ce type de comportement ? Est-ce un phénomène qui a aussi un rapport avec le vent de liberté qui souffle sur le pays ?   
Certainement que ce genre d’actes indélicats ont toujours existé. Ce qui a visiblement  changé,  c’est l’avènement de cette volonté de transparence et de recours systématique dans le cadre de l’État de droit à la justice comme seul instrument de sanction des coupables.   
Le scandale le plus retentissant reste sans conteste, de par la nature des personnes qui y sont impliquées, celui relatif au recel d’une grande quantité de verres en cristal et autres carafes monogrammées H2 ( Hassan II). 
Principal actionnaire du Journal hebdomadaire et d’Assahifa, Fadel Iraki est connu pour être un collectionneur d’objets d’art mais pas au point de se porter sciemment acquéreur de choses volées facilement reconnaissables puisqu’elles contiennent les initiales de leur propriétaire. Cela s’appelle le recel et il est puni par la loi partout dans le monde.
Maintenant que les fans des verres de H2 ont été pris la main dans le sac et que le scandale est sur la place publique, certains d’entre eux ont tenté de minimiser la gravité des faits qui leur sont reprochés en mettant en avant leur bonne foi.
Prétendre que les accessoires pour le service de table de feu Hassan II furent achetés chez des “brocanteurs qui ont pignon sur rue“ ne tient pas debout. En tout cas, ce n’est pas là une ligne de défense crédible car la famille royale n’a pas dans ses habitudes de vendre ses affaires. Sinon cela se saurait.  Et puis, le destin d’objets des rois n’est pas la brocante ordinaire mais les maisons prestigieuses de vente aux enchères comme Christie’s. Là, nous sommes clairement face à autre chose. Un réseau d’objets frauduleusement soustraits à leurs vrais propriétaires et que certains individus n’ont pas eu peur d’acquérir pour une raison ou une autre. Posséder des choses ayant appartenu au Roi défunt est peut-être une manière pour les intéressés de frimer et d’affirmer leur importance aux yeux de leurs invités. Mais quand le vin est tiré, il faut le boire.  Une chose est sûre : cette histoire de verres de cristal verse vraiment dans quelque chose de difficilement digérable. 

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