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Éditorial : Fibre écolo en panne

© D.R

Le gouvernement vient de décider une nouvelle hausse des prix du carburant qui érodera davantage le pouvoir d’achat des automobilistes. C’est la troisième du genre en l’espace de quelques mois à cette différence près que celle-ci a été accompagnée d’un retour au système d’indexation abandonné en l’an 2000. Dorénavant, le consommateur paiera son plein en fonction des cours de pétrole à l’international qui oscillent aujourd’hui entre 62 et 67 Dollars : l’augmentation ou la baisse se répercutera automatiquement sur les prix à la pompe. En dépit de cette hausse qui est de nature à réduire un peu le déficit de la Caisse de compensation, le gouvernement n’est pas encore tiré d’affaire. Reste en effet le passif de quelque 4,7 milliards de DH à fin 2005 engendré par la dernière flambée du baril  auquel il faut ajouter la compensation toujours de mise d’un produit à caractère social, le gaz butane (4,5 milliards de DH) qui n’est pas concerné par le système d’indexation. Autant cette  décision est compréhensible, autant l’attitude envers le gasoil l’est beaucoup moins. En effet, ce dernier, malgré la hausse de 50 centimes par litre, continuera à bénéficier de la subvention étatique (2,5 milliards de DH) en raison de sa prépondérance dans la structure de consommation des produits pétroliers et son usage à grande échelle notamment dans le secteur agricole. Le gouvernement n’a pas voulu y toucher pour des raisons économiques et surtout à cause de la puissance des lobbies des transporteurs et des grands agriculteurs.
Or, il se trouve que le gasoil, connu pour son caractère très polluant et ses effets néfastes sur la santé, est massivement utilisé aussi en milieu urbain dans tout ce qui est transport routier, camions, bus, taxis, sans oublier le gros du parc automobile…. Alors que la logique impose de faire payer les pollueurs à l’instar de ce qui se passe ailleurs, ce régime préférentiel peut être perçu comme une prime à la pollution et un désintérêt total envers l’environnement. Chef d’un département ministériel qui comprend également l’Environnement, Mohamed Elyazghi ne s’est apparemment pas passionné pour le sujet alors qu’un débat à l’intérieur du gouvernement sur un sujet aussi important était nécessaire. Le consensus est passé aussi par là !
Voilà en tout cas un sérieux dossier de militance pour la Fondation Mohammed VI pour l’Environnement qui  fait du bon travail depuis sa création.
À l’inverse, le gasoil 350 PPM, qui a une faible teneur en soufre même si en Europe ce taux est nul, a connu, lui, la plus forte hausse avec 1,14 DH le litre car considéré par le gouvernement comme un produit de luxe pour voitures modernes ! Ce qui revient à renchérir le prix de vente (9,34 DH le litre) d’un carburant censé en fait bénéficier d’une attention particulière en vue d’encourager les automobilistes à y recourir. Dans un pays qui  carbure très fort au diesel, la fibre écologique ne pèse pas encore lourd devant la logique économique.

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