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Éditorial : Intégristes ou mercenaires ?

Cela se précise de jour en jour au fil des investigations, les attentats de Madrid du 11 mars sont l’oeuvre d’une filière à dominante marocaine. On dénombre jusqu’ici pas moins de 17 ressortissants du pays qui sont inculpés ou en garde-à-vue. Voilà que les autorités espagnoles lancent un mandat d’arrêt international contre six nouveaux citoyens marocains suspectés de faire partie de la bande des 10. Celle des poseurs de bombes ( quatre d’entre eux furent déjà arrêtés). La bombe (reliée à un téléphone portable) qui n’a pas explosé a permis aux enquêteurs de remonter la filière terroriste dont le cerveau présumé serait Abdelkrim Thami Mejjati, qui a disparu dans la nature depuis les attentats de Casablanca du 16 mai 2003.
Plus les arrestations se multiplient, plus les zones d’ombres s’accentuent. Qui a donné l’ordre aux poseurs de bombes de faire exploser les trains ? On ne le saura peut-être jamais. Les services de sécurité espagnols et leurs homologues marocains, qui ont collaboré dans cette affaire, croient savoir que derrière le drame madrilène se trouve le Groupe islamique combattant marocain (GICM), celui-là même qui aurait perpétré les attaques terroristes de Casablanca. Ainsi la piste de Ben Laden est de moins en moins évoquée.
Pour le moment, le principal suspect aux yeux des autorités espagnoles est Jamal Zougam. Les photos de ce dernier au bord de la plage que nous publions dans ce dossier laissent pourtant perplexe. Dans les poses, il a moins l’air d’un fanatique que d’un play-boy.
En tout cas, on a du mal à croire à première vue que l’intéressé est un dangereux terroriste. Il est vrai que les apparences sont souvent trompeuses, mais le profil de Zougam et de ses amis a quelque chose qui interpelle. Le mobile des assassinats dont ils sont accusés est-il religieux ? Seraient-ils animés par des convictions de ce type ? Fait troublant, les enquêteurs ont saisi dans le domicile d’un des suspects marocains une quantité de drogue dure. Autre signe surprenant, les crimes de Madrid sont loin d’être parfaits puisque les présumes coupables ont laissé là où ils sont passés beaucoup d’indices trop importants pour ne pas susciter des interrogations. Il s’agit d’éléments de taille comme un livre du Coran et une cassette-vidéo montrant un homme du nom de Abou Dokhan Al Afghani, qui revendique les attentats pour le compte d’une organisation islamiste. En abandonnant de cette façon ces preuves matérielles presque à la portée de la police qui ne tardera pas à les découvrir, tout se passe comme si les commanditaires voulaient absolument accréditer la thèse de la piste intégriste.
Les criminels professionnels sont connus pour bien mitonner leurs opérations, ce qui n’est pas le cas de la bande à Zougam qui a laissé des empreintes digitales là où elle est passée. Et puis, le fait qu’une bombe n’ait pas explosé est-il dû à un pur hasard ? Une chose est sûre : les acteurs du drame de Madrid n’ont pas du tout été protégés. À croire qu’ils ont agi de telle sorte qu’ils soient arrêtés. En un mot, on les a probablement sacrifiés.
À tout point de vue, nous sommes en face d’une nouvelle race de poseurs de bombes. Pas forcément intégristes fanatisés, ils ressemblent à des mercenaires.

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