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Éditorial : La peur de l’autre

© D.R

Le drame de l’immigration clandestine de Cadix a libéré en Espagne des pulsions de violence qui dégagent une odeur raciste et xénophobe. En effet, deux ressortissants marocains installés dans ce pays voisin ont été agressés à El Ejido suite au choc provoqué par la noyade d’une trentaine de clandestins marocains dans le Détroit alors qu’ils tentaient de gagner la région d’Andalousie. S’agit-il d’actes isolés ou le début d’une campagne de violence contre la communauté marocaine ? El Ejido !Tout le monde a encore en mémoire les tristes événements de cette province d’Almeria située en Andalousie et réputée pour la production des fruits et légumes sous serre. En février 2000, les habitants de cette province se sont déchaînés contre les ouvriers agricoles marocains qui travaillent dans des conditions déplorables suite à l’assassinat d’une fille espagnole par un jeune marocain atteint d’une maladie mentale. Gonflés à bloc par des groupes d’activistes extrémistes et armés de battes de base-ball et de barres de fer, les agresseurs, pour la plupart cagoulés, envahissent des quartiers où résident les immigrés. Commerces dévastés, mosquées détruites et maisons incendiées. Les pauvres employés, sans défense, subissent la fureur de cette meute sans muselière. Une chasse à l’homme d’une infinie violence. La rage raciste se déchaîne trois jours durant. Une affaire scandaleuse qui a provoqué un émoi énorme au Maroc et en Europe. Il ne faut pas que ce genre d’actes barbares se reproduisent en prenant prétexte sur la pression migratoire subie en permanence par l’Espagne où la haine de l’immigré et du “Moro“ est en état de latence. Écrivain connu pour la pertinence de ses analyses de la société espagnole, Juan Goytisolo avait bien réagi aux événements d’El Ejido. “Socialement et économiquement, nous avons voulu brûler les étapes, sans nous rendre compte que les habitudes et les valeurs citoyennes ne s’improvisent pas du jour au lendemain. Dans notre pays de nouveaux riches, de nouveaux hommes libres et de nouveaux Européens, la classe politique n’a pas su acclimater une culture morale ni promouvoir un civisme susceptible de contrebalancer l’ignorance et le mépris de l’autre“, écrit-il dans un article publié dans le quotidien El Païs. Devenue terre d’accueil des migrants après avoir été pays émetteur des flux migratoires, l’Espagne est appelée à intégrer la problématique de l’immigration en mettant en place, à l’instar de la France, une politique d’intégration des étrangers qu’ils soient Marocains, sud-Américains ou Subsahariens. C’est le seul moyen de dissiper le climat d’hostilité et de méfiance envers l’immigré. Une politique clairement assumée dans le cadre d’un discours responsable sur les divers enjeux de ce phénomène du reste impossible à juguler. Il s’agit pour les Espagnols d’apprendre à dépasser la peur des autres pour favoriser l’émergence d’une tradition de tolérance et de respect de l’autre.

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