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Éditorial : L’argent des autres

La gestion des finances publiques a été et constitue toujours la pierre d’achoppement qui entache l’Administration et autres sociétés étatiques de nombreuses irrégularités. Les cas de gabegie, de détournement et de malversations financières ne se comptent plus tout autant que les dossiers devant la justice. L’Etat a vainement essayé d’arrêter cette hémorragie en appelant à maintes reprises à la rationalisation des dépenses publiques. Mais les vieux démons réussissent toujours à se réveiller pour commettre l’irréparable faute d’un contrôle strict et systématique des pouvoirs publics. Ce n’est pas que le volonté politique n’existe pas mais on a l’impression que tout le monde rechigne à doter les appareils de l’Etat de tous les moyens nécessaires à cette mission. Il est inconcevable que les cours de comptes régionales n’aient pas encore vu le jour depuis que feu SM Hassan II avait ordonné leur constitution. Normal que la cour centrale des comptes ne puisse pas répondre, à elle seule, à une demande de plus en plus croissante de contrôles impératifs. Quand les deniers publics ne sont pas contrôlés systématiquement, il n’est pas étonnant que les finances des partis baignent dans une anarchie ordonnée. Plusieurs formations politiques connaissent des crises internes à causes justement d’une gestion financière contestée par des membres réputés de leur direction. Cette contestation touche pratiquement tous les partis aussi bien dans la gestion quotidienne que pendant les campagnes électorales. Ce phénomène a pris tellement de l’ampleur ces derniers temps que certains dirigeants politiques en ont fait leur pain quotidien à travers la presse. Certains d’entre eux ont porté leurs différends devant la justice en arguant que les biens de leurs partis tels les journaux et les imprimeries soient enregistrés au non d’un tel ou tel dirigeant. C’est dire que chez certaines formations politiques on continue à gérer l’intendance comme chez l’épicier du coin. Autant dire que le contrôle interne n’existe pas et que ce faisant, les subventions de l’Etat passent dans le compte pertes et profit. Ce qui arrive aujourd’hui au parti du PJD, parti à référentiel islamiste, est une conséquence fâcheuse des lacunes de l’Etat dans le contrôle des financements des partis politiques. La collecte des fonds étant régie par une loi vétuste qui fixe le plafond à la somme dérisoire de 240 dirhams par an, la confusion devient de plus en plus totale. Les circonstances sont aussi aggravantes pour un parti qui de surcroît suscite toujours de la suspicion sur son idéologie politique. D’autant plus que dans cette affaire dont les origines remontent un peu plus loin dans le temps le parti et son mouvement le MUR y sont tous les deux impliqués. Il est vrai que les trois dirigeants cités dans cette affaire bénéficient jusqu’à maintenant de la présomption d’innocence. Mais il est clair que tant que ce parti marche à deux vitesses avec une aile politique et une mouvance islamiste, il continuera à semer le doute autour de ses véritables intentions.

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