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Éditorial : Le déclin des familles nombreuses

Le taux de natalité nationale baisse au Maroc. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par le Centre d’études et de recherches démographiques (Cered). Le fait est trop important pour ne pas le signaler car les familles marocaines ont la réputation d’être nombreuses. Cette caractéristique, selon les chiffres révélés (voir article ci-contre), est en train de céder la place à une autre réalité sociale où les couples surtout en milieu urbain font moins d’enfants que par le passé. Faut-il s’en réjouir ou s’en alarmer ?
En fait, la baisse de la fécondité est une tendance mondiale qui a commencé depuis plusieurs années dans nombre de pays européens dont le dernier en date est l’Espagne. Ce phénomène est lié à l’état de développement d’un pays en termes de modernité et de mode de vie. Plus celui-ci s’individualise, plus se fait jour une mentalité différente.
Le Maroc des villes (la campagne, elle, reste sous-développée) n’échappe pas à ces bouleversements. Le pays connaît depuis quelque temps un changement dans les habitudes de ses habitants. Autre facteur qui entre en ligne, les politiques de planning familial et de contraception furent mises en oeuvre très tôt au Maroc. Ces stratégies de sensibilisation ont certainement rejailli sur le taux de fécondité des familles marocaines.
Une société de consommation de plus en plus occidentalisée ne peut pas se permettre un foyer dépassant trois enfants. Élever un bébé et en faire un homme par les temps qui courent coûte très cher. Rien que les frais de scolarité nécessitent un budget considérable sans oublier l’habillement, les loisirs et autres besoins socio-éducatifs. Les parents qui se recrutent dans la classe moyenne touchent un revenu qui ne leur permet pas d’avoir plus de deux gosses et dont l’éducation représente déjà un gros sacrifice. Et puis, un couple assure une meilleure qualité de vie à un ou deux enfants que s’il en a plusieurs. Naguère, une mère donne généralement la vie à 7 ou 10 gosses qu’elle arrive à bien élever malgré les difficultés. C’était une époque où les besoins n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui et où avec peu une famille fait beaucoup de choses. C’était l’époque aussi où une famille nombreuse était heureuse.
Les temps ont changé. Les contraintes ont augmenté. Aujourd’hui, les ménages modernes dont les parents sont instruits n’accepteront pas de s’encombrer d’une famille avec plusieurs frères et soeurs ne serait-ce que parce qu’un enfant aujourd’hui a besoin d’un certain nombre de conditions pour pouvoir s’épanouir.
Le Maroc qui s’ouvre davantage évolue à son rythme, influencé par son environnement extérieur. Le Maroc des années 60 et 70 n’a rien à voir avec celui d’aujourd’hui. La société aspire au confort de vie et au bien-être. Cette nette amélioration des conditions d’existence s’est accompagnée aussi de difficultés socio-économiques et de facteurs de précarisation chez des tranches importantes de la population. Sous l’effet conjugué du chômage et de la faiblesse du pouvoir d’achat, les jeunes se marient de moins en moins. Et ceux qui contractent le mariage, le font tardivement.

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