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Éditorial : Le risque minimal

L’institution bancaire est,tout aussi bien que les déposants, victime des opérations de détournement. Des opérations qui deviennent de plus en plus nombreuses et portent sur des sommes faramineuses. La banque est victime en ce sens qu’elle est obligée de rembourser les clients. La règle juridique est claire et nette : même si la banque venait à disparaître, pour raison de force majeure, elle reste toujours obligée de rembourser ses clients.
Cet axiome, universellement admis, veut que la règle première des rapports client-banque soit celle de la confiance. Ce qui suppose que le client, du moment qu’il choisit de déposer son argent dans un établissement bancaire quelconque, il ne doit plus avoir de souci quant à la sécurité de son argent. La règle générale justement veut que les déposants ne soient pas inquiétés sur ce plan. Soit. Mais comment faire pour que les déposants ne soient plus obligés de recourir à la justice pour récupérer leur dû ? En d’autres termes, comment faire pour sécuriser davantage les dépôts ? Là, aucune réponse n’est plausible étant donné que, face aux mesures de sécurité les plus draconiennes, il y a toujours des mailles pour ceux qui veulent trafiquer. Des affaires du genre, sous tous les cieux et quelle que soit la sophistication des moyens de sécurités en place, sont fréquentes.
Mais le constat alarmant de ces derniers jours est la multiplication de ce genre d’affaires chez nous. Des affaires presque simultanées de détournement de fonds, dont l’explication réside dans au moins deux raisons.
La première a trait au développement du secteur bancaire lui- même. Ce développement impose l’ouverture de nouvelles agences partout dans le pays.
Or, pour avoir un personnel bancaire qualifié, au-dessus de tout soupçon, compétent et d’une intégrité morale irréprochable, ce n’est pas une mince affaire. D’autant plus qu’un employé de banque dans un coin perdu qui n’est pas vraiment contrôlé comme il se doit, grisé qu’il est par une situation qu’il espère améliorer, ne peut que succomber à la tentation. Les banques, elles, souhaitent observer une certaine discrétion sur les actes les touchant et mettant à mal leur image.
Le deuxième fait a trait à l’autorité bancaire suprême, à savoir Bank al Maghrib. La question qui se pose est de savoir jusqu’à quel point la banque centrale a un droit de regard effectif sur les comptes des autres banques.
Notre système bancaire a-t-il vraiment les mêmes mécanismes de contrôle et d’inspection en vigueur sous d’autres cieux ? La banque centrale du Maroc n’est-elle pas l’otage des banques, comme le laissent entendre bon nombre d’avocats et de cadres bancaires ? Une chose est sure : tout le monde s’accorde pour dire qu’il y a un déficit en matière de contrôle et d’inspection. Mais au-delà de ces remarques, il y a un élément intéressant qui a fait son entrée en jeu dans ces affaires. Il s’agit des magistrats. Plus que par le passé, les magistrats sont prompts à prendre connaissance des divers dossiers ayant trait aux affaires bancaires.
Et quand un juge s’y intéresse, il faut attendre les suites. Ce qu’il faut maintenant savoir, c’est que les affaires délictueuses ne sont pas propres au système bancaire marocain. Cela existe partout dans le monde.
D’ailleurs, là où il y a de l’argent, le risque de dérapage est patent. Ce qui s’avère indispensable, c’est la refonte de notre système bancaire pour qu’il puisse répondre aux exigences du siècle actuel. Pour qu’il puisse répondre aux normes de sécurité maximales, tout en veillant à rester le plus efficace possible. Ce n’est pas une quadrature de cercle, c’est une question de volonté.

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