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Éditorial : L’économie de la cueillette

On ne pêche plus chez nous depuis que la flotte européenne a quitté nos côtes. Personne n’est en mesure aujourd’hui de vous donner la couleur d’un poisson devenu de plus en plus rare comme si les pêcheurs européens avaient ramené avec eux toutes nos ressources halieutiques. C’est étrange depuis que notre pays a rompu l’accord avec l’Union européenne personne ne parle plus de la pêche comme d’une ressource économique vitale pour le Maroc. À tel point que le ministre des Pêches maritimes se noie dans un anonymat total après un an d’exercice. Le ministre Taieb Rhafes doit être sûrement un gentil garçon qui a de la bonne volonté sinon il ne serait pas là. Mais sans vouloir l’offenser,avant lui, ses prédécesseurs Khiary et Chbaâtou occupaient beaucoup plus d’espace que lui. Ils étaient souvent médiatisés certes parfois dans le mauvais sens, mais ils n’ont jamais adressé à la presse une correspondance pour rectifier une erreur dans leur nom. C’est à croire que le ministre oberve un repos biologique depuis qu’il a été nommé jusqu’au point où les journalistes se sont longtemps trompés sur l’orthographe de son nom. C’est à croire aussi et surtout que le repos biologique est devenu un sport national qu’on n’exerce pas pendant la moitié de l’année. Ce faisant, les pêcheurs de cephalopodes sont acculés au chômage et les entreprises de la pêche hauturière obligés à amarrer en attendant la délivrance. Il est difficile pour l’opinion publique qui a longtemps suivi le bras de fer avec l’UE sur la pêche de comprendre cette situation moribonde. Quand on a retrouvé notre souveraineté sur nos mers par la rupture d’un accord déséquilibré, on a du mal à retrouver nos poissons. Pis encore, on a l’impression que ce secteur puisait toute son importance économique et stratégique dans le seul accord qui le liait avec l’UE. Car depuis la non-reconduction de cet accord, il y a eu rupture de stock, de politique en la matière, voire d’une négligence du secteur par les pouvoirs publics. Les professionnels du secteur ne cachent pas d’ailleurs leur amertume face à la passivité du ministre Rhafes et accusent directement le Premier ministre de ne s’intéresser qu’au textile et autres corporationsplus fortes et plus influentes. Le ministre Rhafes est arrivé peut-être à un mauvais moment, mais il doit assumer cette prolifération morbide des arrêts biologiques. À son passif, une démarche approximative dictée beaucoup plus par un esprit populiste. Il ménage, à juste raison peut-être, la pêche artisanale au détriment de la pêche côtière et surtout hauturière qui est la plus touchée par ces arrêts. Aussi, est-il normal que les professionnels réclament une régulation de la pêche en tenant compte des spécificités du secteur organisé et celui artisanal qui n’est même pas répertorié. L’effort de pêche est venu donner un autre coup de fouet aux professionnels qui sont déja atomisés par la multiplicité des repos biologiques. Le Maroc se trouve ainsi doublement perdant avec la rupture de l’accord de pêche avec l’UE qui l’a privé de subventions et a lourdement affecté ses ressources halieutiques. C’est ce qu’on appelle l’économie de la cueillette.

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