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Éditorial : Les clandestins de Jettou

On ne finit jamais d’apprendre même quand on s’amuse à vérifier le nombre et les attributions des ministres une année après la nomination du gouvernement Jettou. C’est un exercice qui paraît facile, inopportun, voire provoquant pour certains, envers un cabinet où cohabitent aimablement les technocrates et les politiques. Mais quand on commence, nous journalistes, à décortiquer la composition de ce gouvernement, on découvre que l’on ne sait vraiment rien. On ignore beaucoup de choses tant sur les noms de la plupart des ministres, hommes et femmes, que sur leur fonction. Pour des journalistes, c’est le comble. Mais cette défaillance professionnelle ne doit pas surprendre outre mesure quand on sait que même certains membres du gouvernement ignorent tout de leurs collègues. Ce faisant les journalistes bénéficient de circonstances atténuantes dans leur ignorance d’un cabinet pléthorique où siègent plusieurs clandestins. En refaisant les comptes on a découvert que le cabinet Jettou comporte 39 ministres, y compris le Premier ministre, au lieu du chiffre 40 relaté par tout le monde. Même l’addition est devenue un exercice complexe dans une arithmétique politique qui n’obéit à aucune logique scientifique ou idéologique. À tel point que l’on a l’impression que des ministères et des secrétaires d’Etat n’existent que parce qu’ils devraient abriter des postulants politiques. Du coup, quand on fait le bilan d’un an d’exercice, beaucoup de départements se retrouvent dans la rubrique des immobilisations totalement amorties. Ce qui est encore plus surprenant, c’est que les détenteurs de ces ministères sont inconnus du bataillon malgré douze mois d’existence. Jamais des détenteurs de porte-feuilles aussi importants comme ceux de l’industrie, de la pêche, de l’énergie et des mines , du commerce extérieur, de l’environnement ou de la formation professionnelle, ne sont passés aussi inaperçus comme dans ce gouvernement. Pourtant la plupart de ces départements relèvent du noyau dur du cabinet Jettou formé autour de Mossadeq pour appliquer l’essentiel de la politique économique de notre pays. Quand on ne connaît pas les noms et qu’on n’entend pas les voix de ces ministres, c’est qu’il y a un hic gouvernemental. Ce n’est pas de la discrétion qui sous-tend un travail colossal dans les coulisses, mais bel et bien le constat d’un dysfonctionnement flagrant et d’une absence avérée. Quand la plupart des rames d’un train ne suivent pas, c’est que la locomotive peine à sortir d’un long tunnel obscur. Driss Jettou, qui conduit cette mécanique complexe, devrait, en principe, s’arrêter pour remodeler son attelage douze mois après son départ. Il vaut mieux perdre quelques wagons inutiles dans le chemin que de courir des risques majeurs qui mettent en danger tout le train marocain. Dans un monde chamboulé par une mondialisation anarchique où le terrorisme bat son plein, il n’y a plus place à l’improvisation. Le bilan d’une année de gouvernance mitigée dénote malheureusement d’une carence notoire dans la stratégie d’un gouvernement pléthorique et fragmenté.

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