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Éditorial : Menaces

Un mouvement qui se fait appeler la "Jamaâ islamique pour l’unicité et le Jihad au Maroc" vient de rendre public un communiqué dans lequel il affiche sa position quant aux décisions de la branche irakienne de l’organisation terroriste d’Al Qaïda en Irak d’exécuter les deux employés de l’ambassade marocaine à Bagdad qu’elle détient en otage depuis plus de vingt jours. Dans ce communiqué signé par un soi-disant responsable du service communication de ladite Jamaâ, il est annoncé d’une manière très claire que ce mouvement non seulement soutient mais encourage la décision des adeptes d’Abou Mosaâb Zarkaoui d’exécuter les deux ressortissants marocains, Abdelkrim Mouhafidi et Abderrahim Boualem. Le texte est écrit dans un style qui porte la signature des communiqués d’Al Qaïda. Des passages comme celui qui passe en revue les arguments retenus pour justifier la prétendue "légitimité" de l’assassinat des deux citoyens marocains rappellent les textes rédigés par les disciples de Oussama Ben Laden pour justifier les assassinats des personnes enlevées puis exécutées en Irak durant les trois dernières années.  Parmi ces arguments figure en premier lieu celui utilisé par les membres du mouvement de "Attakfir Wal Hijra" (Anathème et exode) qui considèrent que tous les gouvernements modernes qui ne se basent pas sur les lois de la Chariâ sont formés d’impies et que tous ceux qui travaillent pour eux sont des mécréants. Ce qui leur fait dire que les deux employés de l’ambassade marocaine en Irak sont des incroyants qu’il est légitime d’exécuter. Il s’agit-là d’un principe qui fait tout le danger de ces mouvances intégristes. Car, il leur donne un permis de tuer sans restrictions et bénéficiant d’une légitimation religieuse. Or, il est établi à l’unanimité par les quatre principaux Imams de l’Islam sunnite à savoir Malik, Achafiî, Ahmed et Abou Hanifa qu’aucun musulman ne peut être accusé d’incroyance à moins qu’il ne renie d’une manière publique son appartenance à la religion musulmane. Et même s’il le fait, aucun texte n’incite à son exécution.
Cette tendance takfiriste n’est apparue au Maroc que récemment bien  qu’elle soit apparue dès le XIVème. Le Royaume est d’ailleurs resté le dernier rempart devant cette idéologie de la violence et de la haine jusqu’à l’apparition de groupuscules comme "Ahl Assuna Wal Jamaâ (Les gens de la Sunna et de la communauté) dirigée par Mohamed Fizazi qui purge actuellement une peine de trente ans dans le cadre des procès des attentats du 16 mai à Casablanca. Ces mouvements ont dernièrement lancé une stratégie visant à créer un climat de terreur dans le rang des forces progressistes et modernistes dans le monde des médias et de la politique en multipliant les lettres de menaces dirigées à certains organes de presse et à des dirigeants politiques.  Une stratégie qui n’atteindra pas les objectifs escomptés par ces initiateurs puisque les Marocains, toutes tendances confondues, constituent un front unique devant toute forme d’intégrisme.

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