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Éditorial : Pas de panique ?

Certains départements ministériels semblent avoir trouvé la meilleure méthode d’affronter les problèmes du pays auxquels ils sont confrontés. La méthode est simple. Elle est basée sur deux règles principales : relativiser et temporiser.
Relativiser, consiste à calmer l’opinion publique et la rassurer en affirmant que tout est normal et que la situation est prise en main par qui de droit. Temporiser, c’est se donner du temps pour réfléchir afin de trouver la bonne solution. Et pour la trouver, il n’y a pas meilleur moyen que de créer des commissions et des sous-commissions que l’on charge de réfléchir, d’étudier et d’analyser les faits afin de dégager des recommandations pour faire face au problème. En attendant, on rassure en affirmant que lesdites commissions sont en train de faire leur travail.
Cette formule a plusieurs avantages. Elle permet d’abord d’ajourner le problème et puis de le faire oublier avec le temps. Elle permet aussi au chef du département concerné de faire face à toute situation embarrassante que pourrait lui créer une éventuelle question orale posée par un député lors des fameuses sessions du Parlement. Devant les caméras, le ministre concerné répondra que « le gouvernement s’intéresse de près au sujet soulevé par l’honorable député et que le ministère a créé une commission chargée de trouver les bonnes solutions et que le gouvernement informera le Parlement et l’opinion publique des résultats des travaux de cette commission ». Une réponse permet de tourner la page en passant à un autre sujet et d’ajourner sine die les débats.Malheureusement, c’est cette méthode évasive et peu responsable que le ministère de la Santé utilise actuellement face au grave problème de la rage.
D’abord, le ministère commence par minimiser le problème en affirmant que la rage n’est pas un problème de santé au Maroc et que, sous-entendu, la situation n’est pas alarmante. L’argument utilisé pour renforcer cet appel au calme est que cette maladie ne fait qu’une vingtaine ou une trentaine de morts par an. Ce qui est, selon le ministère de la Santé, un chiffre qui ne devrait pas sonner l’alarme. Cela suppose une question très importante à laquelle le ministère devrait répondre à savoir : quel est le nombre de morts qu’il devrait y avoir pour que l’on puisse parler d’un problème de santé dans notre pays ? Quel ce seuil qui, une fois franchi, mettrait en alerte les différents services du ministère de la Santé et l’obligerait à mobiliser son personnel et ses moyens ?
En ce qui nous concerne, et sans attendre la réponse du ministère, nous continuerons à penser que toute vie humaine est importante et que les services de ce département sont censés se mobiliser pour préserver la vie de tous les citoyens. On n’attendra pas non plus que les sessions des questions orales du Parlement commencent pour apprendre de la bouche du ministre de la Santé que « le gouvernement a pris les choses en main et qu’il a créé une commission interministérielle pour trouver la solution à ce problème qui n’est pas très grave puisqu’il ne fait que vingt ou trente morts par an ».

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