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Éditorial : Pretoria et nous

Ce qu’il convient désormais d’appeler l’affaire de l’Afrique du Sud n’en finit pas de soulever des vagues de protestation à l’intérieur du Maroc. La reconnaissance par Pretoria de la fantomatique rasd est vécue par les Marocains comme une trahison surtout à un moment où l’affaire du Sahara marocain s’acheminait vers une solution politique qui plus est bénéficie du soutien des puissances. Chacun y est allé de son couplet pour tenter d’expliquer les soubassements de cette décision. Qui y voit une espèce d’acte de vengeance de pouvoir sud-africain qui n’a pas apprécié le fait que Nelson Mandela, en tournée dans le Maghreb dans les années 60, n’ait été reçu par aucun responsable marocain.
Qui y croit déceler une conséquence de la course au leadership économique à l’échelle du continent entre Rabat et Pretoria dont le point d’orgue aura été atteint avec la Coupe du monde de football en 2010. Avec le recul, certains se demandent s’il n’aurait-il pas été plus rentable politiquement pour le Maroc de se désister en faveur du géant africain plutôt que de participer jusqu’au bout à une course où les faveurs de la Fifa allaient visiblement au pays de Mandela ? C’est ce genre de signaux qu’une diplomatie entreprenante, vigilante et intelligente, au-delà de la mobilisation des foules et des responsables de tel ou tel secteur, est censée percevoir et exploiter pour agir ensuite en conséquence au moment opportun au risque d’être, une fois trop tard, sur la posture difficile de la défensive. Justement, c’est l’impression que donne l’appareil diplomatique marocain.
Celle d’être peu réactive et de devoir souvent ramer pour rattraper ses erreurs. Il est évident que la décision sud-africaine est à analyser aussi sous cette couture. Une chose est sûre : la reconnaissance de la rasd par l’Afrique du Sud constitue un revers pour la diplomatie marocaine qui n’en avait nullement besoin. La question est de savoir s’il était possible d’éviter un échec de nature à donner un nouveau souffle à une bande de mercenaires.
Car a priori l’équipe dirigeante à Pretoria, sauf à chercher à faire mal au Maroc, n’a aucun intérêt à reconnaître un polisario aux abois et qui se décompose à vue d’oeil depuis quelque temps.
Certes, la main de l’Algérie, qui ne cache plus son jeu hostile dans le dossier du Sahara, n’est pas étrangère à cette affaire. Mais à la diplomatie marocaine de contrer par l’action sur le terrain les menées d’un pays qui affiche résolument son inimitié envers le Maroc.
À cet effet, le département des Affaires étrangères est appelé plus que jamais à revoir ses méthodes de travail étant entendu qu’il a besoin au préalable d’une vision claire qu’il doit décliner à l’extérieur . Avec tout ce que cela suppose comme moyens humains et financiers. C’est cette capacité à se projeter dans le concert des nations en anticipant surtout sur les événements que le Maroc doit pouvoir développer. Pour cela, il y a nécessité à réviser en profondeur le fonctionnement et le rendement de toute la machine.

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