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Éditorial : Sécurité tout court

La volonté réformatrice d’Ahmed Taoufik ne fait aucun doute. L’homme se veut en plus transparent et communicatif. Il ne joue pas de ce mystère qui a permis à son prédécesseur de régner pendant près de 18 ans sur le ministère des Habous et des Affaires islamiques. Un mystère fait de laisser-aller et de laxisme qui ont conduit entre autres à la prolifération en dehors de tout contrôle de plus d’un millier de mosquées clandestines dans différents quartiers des grandes villes du Royaume. C’est dans ces lieux que sont sortis, embrigadés, les premiers bataillons de ceux qui allaient alimenter la nébuleuse terroriste de la Salafia Jihadia dont des commandos se sont faits exploser le 16 mai 2003 à Casablanca à la grande consternation de tous.
Cette date représente un marqueur important dans l’évolution de la société marocaine en ce sens où rien ne sera plus comme avant. Tout a été chamboulé y compris la place et le rôle du ministère des Habous et des Affaires islamiques dans la vie du pays. À situation nouvelle, homme nouveau. Du coup, de nouveaux vocables voient le jour comme “la sécurité spirituelle“ qui renvoient à la prise de conscience quant à l’importance du fait religieux dans une société musulmane comme la nôtre.
La réforme entreprise par Ahmed Taoufik depuis la prise de ses nouvelles fonctions est censée aboutir à la sécurisation de la pratique religieuse au Maroc. Une pratique qu’il est nécessaire d’assainir d’une vague dominante construite autour d’une vision obscurantiste de l’Islam et de pulsions terroristes avérées. Cette vague est-elle une lame de fond ou un phénomène passager ?
Les Marocains sont réputés de cultiver un Islam serein et tolérant. Mais force est de constater que les nouveaux terroristes, qui ont fait violemment irruption dans le paysage national, se recrutent dans la marge des grandes villes avec tout ce que cette situation génère comme exclusion et ressentiment contre les gouvernants. Au fond, il s’agit d’une forme de rébellion sociale sauf qu’elle a pris la couleur du moment, celle de la religion.
C’est l’immunisation du corps social contre toutes les dérives qui doit être entreprise de telle manière à réunir les conditions objectives de la sécurité tout court. La sécurité est un sentiment qui ne se décrète pas. Elle se nourrit chez chaque citoyen proportionnellement au degré de bien-être qu’il est en droit d’attendre. Toute politique de changement menée est censée changer quelque chose dans le quotidien des gens… D’où cette question fondamentale : Les Marocains vivent-ils mieux depuis l’avènement du gouvernement d’alternance et celui de Driss Jettou ? La pauvreté et le chômage ont -t-ils diminué ? Les hôpitaux fonctionnent-ils selon les normes avec des soins de qualité pour tout le monde ? La réponse à ces questions ne saurait être seulement de type sécuritaire. C’est pour cela que l’action réformatrice du secteur religieux doit s’inscrire dans le cadre d’un projet de société qui n’exclut aucun domaine.

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