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Éditorial : Un prêche incendiaire

© D.R

Le discours, prononcé le vendredi 25 juin et transmis en direct sur la TVM, est à l’origine d’une polémique qui ne cesse d’enfler. Son auteur, Radouane Ben Chekroun, est le président du Conseil des ouléma de Casablanca. Avec des accents très appuyés, il a dénoncé pêle-mêle la réforme de la Moudawana, la mixité, les femmes qui travaillent, les défenseurs des droits de l’Homme, la télé qui diffuse des soirées amorales, les plages transformées en lieu de stupre et de débauche et «les étudiantes et les élèves qui passent leur temps à tenter les jeunes dans les rues».
Les termes employés par ce prédicateur sont incendiaires. Il exhorte clairement à l’application du Texte dans «la vie sociale» et taxe d’hérésie toute personne qui n’y souscrirait pas. L’idéal de vie, selon M. Ben Chekroun, serait une société où les femmes s’occupent des tâches ménagères et les hommes se réveillent chaque matin pour travailler strictement entre mâles. Une société où les femmes seraient maintenues cachées derrière de hauts murs. Une société ghettoïsée où les femmes ne prendraient pas part au développement de la société, où elles seraient juste bonnes à perpétuer la race. M. Ben Cherkroun justifie chacun de ses propos par un verset du Coran ou un Hadith. Il développe avec assurance son prêche en multipliant les références au Texte.
Ses propos ont été très applaudis par les intégristes. Ces derniers ont trouvé un porte-parole inespéré en un prédicateur, intégré à l’appareil de l’Etat. Le Bureau exécutif du Mouvement Unicité et Réforme (MUR) a publié mardi un communiqué pour s’indigner contre la supposée campagne menée contre les ouléma. Leur défense est d’autant insolite que M. Ben Chekroun est censé protéger le champ religieux contre les accents intégristes. Il est censé les combattre, leur barrer la route. Suite au discours royal du 30 avril 2004, il a été décidé d’appeler les ouléma à occuper les premières loges dans la restructuration du champ religieux. De fonctionnaires honorifiques, ils se sont vus confier la mission de restructurer le religieux en adoptant un rôle d’encadrement. Or force est de constater que Radouane Ben Chekroun, qui plus est président du Conseil des ouléma de Casablanca, a failli à sa mission. Il a oublié la modération, en jetant l’anathème sur ceux et celles qui font valoir leur liberté légitime de s’habiller et de travailler d’une façon qui cadre avec la vie d’aujourd’hui. M. Ben Chekroun apporte de l’eau au moulin des intégristes et prête sa voix aux obscurantistes du pays.

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